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J'avais évoqué (1) il y a quelques temps une boutique de disques d'occasion sur Paris, et bien cet album fait partie des trouvailles miraculeuses qui ont agrémenté la fin de mon adolescence. Quel choc, presque autant que pour Sadist, lorsque je suis tombé dessus. Cela sonnait tellement différent des autres albums dans le genre Death Metal, à la fois dans le concept, et dans la musique.
Ici, pas d'ambiance cadavérique, de squelettes ou de tombes. La pochette est une simple réalisation amateur issue d'un logiciel de 3D de l'époque : un cube un peu transparent, une sphère, une sorte de cône, un lettrage futuriste, on savait qu'on allait avoir affaire à un ovni ! Ayant découvert le monde de la modélisation 3D, qui n'en était qu'à ses balbutiements à cette époque, ce visuel ne pouvait que me convenir !
Les paroles semblent traiter d'un suicide, ou d'une overdose, et sont hautement allégoriques, comme un voyage dans la matrice (pensez à Tron, le film Matrix étant sorti 6 années plus tard), une sortie astrale ou encore un rêve.
Le symbolisme ne s'arrête pas là, puisque la musique qui présente une sorte de Death Metal avant-gardiste, renforce cette impression de futurisme, ou de monde virtuel tout du moins, bien que ces concepts n'étaient pas spécialement d'actualité à l'époque. Les musiciens ont été possiblement influencés par le film "The Lawnmower man" de 1992, qui était pionner dans l'utilisation d'animations 3D et d'évocation de mondes cyberpunk.
L'album débute par un prélude avec des notes égrenées à la guitare classique, sur un mode mineur et sombre, comme pour une lettre d'adieu. Ensuite viennent sans transition les guitares saturées et accordées ultra grave (je dirais en Si, ce qui m'est confirmé par un site de tablature de guitare), avec des rythmiques très différentes du death metal classique, donnant une impression de "cyber" quelque chose. Pourtant les voix ultra graves confirment que Supuration propose bien du Death Metal, avec l'originalité d'ajouter en plus des voix claires assez "new wave". Des guitares saturées, mais jouées sur les cordes aigues, viennent renforcer les mélodies des voix claires.
Évidemment, il ne faut pas se contenter de ces descriptions, et se précipiter sur l'album pour l'écouter, parce que c'est un réel chef d'oeuvre qui se vit de l'intérieur.
L'album suivant "Still in the Sphere", sorti l'année d'après reste bon, mais il m'avait un peu déçu. Je n'ai pas du tout écouté ce qu'ils ont fait par la suite, pris par d'autres intérêts et styles musicaux (black metal). Je pense qu'à l'époque je n'aurais pas trop aimé, mais avec le recul, sans être aussi exceptionnel que "The Cube", tout cela me semble tout à fait honorable, et ne représente ni un virage à 180° ni un reniement de leur musique, même si l'ensemble fait un peu pop tout de même. Remarquons que pour donner une impression un peu moins morbide, leur nom de "Supuration" a été changé en "SUP", ce qui peut donner lieu à des jeux de mot un peu graveleux...
Revenons à "The Cube". Le premier morceau "The Elevation" est emblématique de cet album d'exception, mais les autres ne sont pas en reste, absolument toutes les compositions sont incroyables, comme le court "Soul's Speculum" qui ferait penser un peu à du Voivoid avec son inventivité et ses dissonances, ou encore 1308.JP.08 qui utiliser des notes jouées en harmoniques de cordes à vide, et des voix totalement étherées (ou éthériques, enfin bref), encore dans un style un peu new wave, mais avec une rythmique derrière qui martelle des notes graves, quasi infrasoniques.
Et toutes les compositions progressent vers une sorte de coeur virtuel, vers un peu plus de folie et d'engagement hors du monde. Un véritable voyage intérieur et bouleversant.
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