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2007-08-18
Il est 7h.
Il est 7h, les retardataires reviennent de la plage, la peau brûlée par le sel et les embruns, les sandales crissantes de sable sur le macadam du trottoir, qui un ballon gonflable sous le bras, qui un matelas pneumatique, un parasol ou le dernier Mary Higgins Clark.
Slick. Slick. Le couinement des tatanes rythme le pas de la petite armée en slips de bain et casquettes aux couleurs d’écuries de formule 1. Dans le lointain, le chuintement ininterrompu des douches se mêle aux senteurs de jasmin, de gasoil et de crème solaire refroidie.
Le bar commence à se remplir. Un cocktail orné d’un parasol en carton à la main, chacun affiche un visage rouge vif surmontant un t-shirt trop étroit, les cheveux encore collés par la douche. Les enfants, vêtus de vareuses de football et les cheveux dressés par le gel, se poursuivent en riant au milieu des blagues grasses et des jeux apéritifs. Gérard, éternel bout-en-train, fait rire l’assemblée en se lançant dans une imitation du maître nageur, deux cacahouètes dans les narines et des carottes râpées dans les oreilles. Sacré Gérard. Chaque année la même chose. Et dire que, durant le reste de l’année, il est contrôleur des contributions.
Quelques adolescents, l’air blasé et entendu, font semblant de flirter sur les transats de la piscine et se donnent des conseils à propos de la vie sexuelle qu’ils n’ont pas encore. D’un oeil faussement distrait, ils lorgnent vers la discothèque où, ce soir, ils espèrent bien conclure avant l’heure limite imposée par maman.
L’atmosphère embaume un florilège d’eaux de toilette, les grillons se mettent à chanter. Dans les parterres, les lampes se sont allumées et les arroseurs automatiques emplissent l’air de leur staccato. Quelques couples d’habitués ont déjà pris possession des chaises en plastique les mieux situées pour assister à la soirée danses folkloriques. La même soirée à laquelle ils assistent chaque année depuis les 17 ans qu’ils viennent en vacances ici. Ensemble, ils critiquent la propreté, l’organisation et les autres clients, tombant tous d’accord que ce n’est plus pareil, qu’avant mon bon monsieur, on ne se serait pas permis tout ça !
Sur le terrain de pétanque, le gros Marcel est encore torse nu, dégoulinant de sueur. Acharné, il continue à s’entraîner pour le tournoi de demain, évaluant d’un air professionnel et connaisseur les boules et la consistance du terrain. Son ventre proéminent cache son mini short poussiéreux. C’est vulgaire, choquant.
Certes, il y a moins d’une heure, tout ce petit monde se trémoussait avec un minuscule triangle de tissu pour tout vêtement mais là il est 7h. Il est 7h et tout le monde arbore fièrement sa chemise hawaïenne et son pantalon en skaï.
Il est 7h, le camping s’éveille.
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