💾 Archived View for gmi.noulin.net › mobileNews › 1150.gmi captured on 2023-01-29 at 08:15:25. Gemini links have been rewritten to link to archived content
⬅️ Previous capture (2021-12-05)
-=-=-=-=-=-=-
2009-04-15 10:31:24
Vision. Dans un monde en mutation rapide, l avenir appartient ceux qui
sauront mettre jour leurs savoirs, estime Fran ois Taddei, g n ticien, auteur
pour l OCDE d un rapport sur l ducation.
Recueilli par CORINNE BENSIMON
Fran ois Taddei, 41 ans, r ve d une soci t de cr ateurs, c est- -dire de gens
qui sachent innover pour vivre bien dans un monde qui change grande vitesse.
Ing nieur sorti de Polytechnique et des Eaux et For ts, converti la biologie,
il est lui-m me un mutant polymorphe, sp cialiste de l volution.
C t labo, il est directeur de recherche Inserm l universit Paris-Descartes,
o il tudie comment des organismes s adaptent de nouveaux environnements et
coop rent, m me pour les modifier leur profit. C t fac, il a cr le Centre
de recherches interdisciplinaires, qui h berge une cole doctorale soutenue par
la Fondation Bettencourtet un master interdisciplinaire unique en France : il
recrute, sur projets et motivations, des tudiants de tous horizons (maths,
bio, conomie, sciences politiques, etc.) qui ont envie de travailler dans des
labos des disciplines qui ne sont pas les leurs. Ce sont ses tudiants experts
es brassages qui ont fond la Science Ac , association qui a d j permis des
centaines de lyc ens passionn s de sciences de passer des vacances dans des
labos.
Fran ois Taddei vient d achever, la demande de l OCDE, un rapport sur les
orientations donner une r forme de l ducation (1). Il a un credo, emprunt
Charles Darwin : Les esp ces qui survivent ne sont pas les esp ces les plus
fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s adaptent le mieux aux
changements. Et une conviction : le syst me le plus performant sera celui qui
forme les meilleurs autodidactes.
Vous r vez d une soci t d autodidactes. C est curieux pour un chercheur si
dipl m
Le paradoxe n est qu apparent. Il ne s agit pas de supprimer l enseignement
mais de faire en sorte qu il forme des jeunes dont la principale aptitude sera
de savoir renouveler leurs connaissances. C est une urgence dans un monde o la
production de savoirs s acc l re de fa on exponentielle. Depuis 1700, le nombre
de publications scientifiques est multipli par 100 tous les cent ans. Autant
dire que ce qu apprend un tudiant est vite d pass . Cette volution fulgurante
des savoirs est dop e par celle des outils qui permettent de les produire et de
les exploiter : l informatique. La puissance des ordinateurs double en moins de
deux ans. Conclusion, quelle que soit la formation re ue, il est vital de
savoir mettre jour non seulement son contenu, mais les fa ons d y participer,
sur le Web. A partir de l , on peut tre cr atif.
Mais a veut dire quoi, tre cr atif ?
C est tre capable de faire de nouvelles constructions avec de nouveaux
savoirs, un peu comme avec un Lego dont les pi ces changeraient tout le temps.
En France, on a une vision litiste de la cr ativit . C est un don qu on r
serve aux m tiers d arts : la haute couture, le design. C est obsol te. Aux
Etats-Unis, en Chine, la conscience de la rapidit des mutations et de la n
cessit de savoir s y adapter est une obsession. C est ce que dit le Yes we
can d Obama : oui, nous pouvons tous changer.
Comment ?
J ai intitul mon rapport l OCDE : Former des constructeurs de savoirs
collaboratifs et cr atifs. En clair, l cole doit apprendre non pas des
savoirs, mais rechercher de l information en utilisant les nouvelles
technologies, la critiquer, la synth tiser et produire de l information
en r seau. Le Web est un catalyseur que tous doivent apprendre ma triser d s
l cole. Pour son offre de contenu, mais aussi parce qu il montre que le savoir
se construit de fa on collective, dynamique. Tous les scientifiques le savent :
nul ne peut plus ma triser lui seul un savoir.
La cr ativit est un produit collectif. L individu s efface, alors ?
Pas du tout. Dans ce syst me-l , on ne survalorise ni le savoir, ni le dipl me,
ni le don. Mais la motivation individuelle et la libert de pens e. Regardez le
syst me scolaire finlandais dont le succ s est envi par tous. Son ma tre mot,
c est la confiance dans les enseignants et dans les l ves. Les inspecteurs
sont devenus des personnes ressource pour les profs, lesquels changent en r
seau, tandis que les l ves sont encourag s travailler en groupe pour faire
merger leur point de vue personnel et aller vers les disciplines de leurs
choix, plusieurs la fois, de pr f rence. C est crucial : les innovations
naissent aux carrefours des disciplines. En France, cr er des fili res
interdisciplinaires est un parcours du combattant.
(1) En ligne sur www.liberation.fr