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ThaĂŻlande 31/12/1987

Je suis en Thaïlande depuis moins d'une semaine, je n’ai fait que passer à Bangkok que j’avais visité quelques années auparavant et je suis allé à Ayutthaya, une ancienne capitale située à une centaine de kilomètres au nord de l’actuelle.

En ce 31 décembre j’ai prévu de prendre un car pour aller à Sukhothaï, une autre ancienne capitale beaucoup plus au nord.

Depuis mon hôtel, je prends un tuk-tuk, tricycle à moteur (d’où le nom) faisant taxi, en lui expliquant bien ma destination. Il me conduit à un arrêt au bord d’une grande route.

Un car arrive, la destination m’est inconnue, ce n’est pas celui que j’attends, mais le plus intrigant c’est qu’il est bondé. Quand je dis bondé, c’est plutôt débordant, il y a même du monde sur le toit. J’avais déjà vu des cars surchargés, mais là c’était vraiment inquiétant. Quelques personnes sont quand-même arrivées à monter et il est reparti lentement et penché. Les suivants ne sont pas mieux, chaque fois seulement 4 ou 5 personnes sont assez courageuses pour monter, le plus souvent sur le toit, de toutes façons, aucun ne semble aller à Sukhothaï.

Je commençais à me demander ce que j’allais faire quand une femme s’adresse à moi dans un anglais approximatif pour me demander où je vais. Oh, mais ces cars n’y vont pas, me dit-elle, il faut aller là-bas, à la station. J’avais bien vu la station à 200 ou 300 mètres, un peu à l’écart de la route, en contre-bas et j’ai eu un doute en arrivant, mais j’ai pensé que le chauffeur de tuk-tuk m’avait bien amené au bon endroit. OK, merci madame et me voilà parti, avec le sentiment de passer pour un idiot, mais ce n’était pas la première fois, ni la dernière, en Asie ça arrive fréquemment surtout quand on voyage un peu à l’arrache…

D’ailleurs, je repasse tout de suite pour un idiot à la station, où l’on m’explique, cette fois dans un anglais correct, que tout est complet. Ici ce n’est pas la même histoire, les places sont réservées et on ne surcharge pas. Mais vous savez, le 31 décembre tout est plein m’explique-t-on avec un sourire en coin, votre seule chance est d’aller à Bangkok et là-bas vous trouverez peut-être une place…

Aller à Bangkok, c’est repartir à l’arrêt du bord de route, mais en face, direction la capitale. Effectivement les cars que j’avais vu passer dans ce sens étaient pratiquement vides et je peux monter dans le premier qui passe. En route, je me dis bon, si je trouve pas de place, je passerai la nuit du 31 à Bangkok, rien de dramatique bien que je n’en ai pas du tout envie.

Dans l’immense gare routière de Bangkok nord, après plusieurs tentatives auprès de différentes compagnies de transport, je parviens à trouver une place, mais seulement pour le soir vers 21 heures et il devait être aux alentours de midi. Je demande s’il y a une consigne pour laisser mon sac et comme on me répond par l’affirmative, j’achète la place. Débarrassé de mon bagage, je prends un bus ou un taxi, je ne sais plus, pour une ballade en ville.

C’est comme ça que j’ai passé la nuit du 31 décembre dans un car, nous sommes arrivés vers 5 heures, je crois.

Avec le recul, quand je pense que des gens font des milliers de kilomètres uniquement pour aller passer la nuit de la St Sylvestre à Bangkok (ou dans une autre capitale), que moi j’étais sur place, pratiquement obligé de rester là et que j’ai fait tout mon possible pour partir, je me demande si effectivement je ne serais pas un petit peu idiot.