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REUTERS
Victorieux hier des lections italiennes avec ses alli s extr mistes, le
Cavaliere reprend les r nes d un pays en plein marasme.
RIC JOSZEF et MARC SEMO ( Rome)
QUOTIDIEN : mardi 15 avril 2008
Rien n y fait. Le berlusconisme s rode un peu mais r siste bien. Quinze ans
apr s l apparition sur la sc ne politique du tycoon des m dias, ce ph nom ne
politique o se m lent populisme anti- tatique, conservatisme et nationalisme
confirme son ancrage dans la soci t italienne. La r ussite politique de ce
chef d entreprise qui fut le premier en Europe se lancer avec succ s dans l
ar ne lectorale, dans les ann es 90, ne s explique pas - ou pas seulement -
par son contr le sur la majeure partie des t l visions priv es de la p ninsule.
Il exprime la culture du motorino, le petit malin en Vespa qui se faufile et
ne respecte pas les r gles , r sumait l crivain et auteur de polars sicilien
Andrea Camilleri. Silvio Berlusconi reste l incarnation physique du sentiment
anti- tatique des Italiens. Mais si entre 2001 et 2006, alors qu il tait au
gouvernement, il a avant tout servi ses propres int r ts, les Italiens
attendent maintenant qu il serve aussi les leurs , analyse Gian Maria Fara de l
Eurispes, un centre d tudes sociologiques.
Pendant sa campagne, il Cavaliere a chang de ton, reconnaissant d sormais
ne pas avoir de baguette magique pour r soudre les probl mes du pays.
D sir . Le style change mais l enracinement demeure. En avril 2006, malgr le
maigre bilan des cinq ann es de gouvernement de sua emittenza, qui n avait r
alis aucune des grandes r formes promises, part la d taxation des
successions, la gauche de Romano Prodi ne l avait emport qu avec 24 000 voix d
avance la Chambre des d put s. Berlusconi exprime des choses profondes de
la soci t , insistant sur la libert et le travail mais aussi le plaisir ou l
affichage de la r ussite, analyse le politologue Marc Lazar, professeur
Sciences Po. Il joue la fois sur le d sir de "d r gulation" des petits
patrons, artisans ou entrepreneurs de l Italie du Nord et, au Sud, sur les
peurs d un lectorat g , de femmes au foyer et de couches sociales d favoris
es inqui tes de la modernisation de la soci t .
Depuis quinze ans, son bloc social est rest le m me , rench rit Piero Ignazi,
professeur l universit de Bologne qui pr cise : Durant la derni re campagne
lectorale, il a fait voluer son discours en ne parlant plus de miracle mais,
dans le m me temps, il a continu promettre des baisses d imp ts ou le
lancement d un grand programme de construction de logements. Ses t l s repr
sentent au quotidien et en continu le r ve offert aux Italiens. La corr lation
est tr s forte entre le public de Mediaset et l lectorat de Silvio Berlusconi
, souligne Ignazi.
Italianit . Au cours de cette campagne, le magnat de la communication a n
anmoins d forcer son talent. Ag de 71 ans, il a t confront un adversaire
plus jeune - Veltroni a 52 ans - et presque aussi rompu que lui au marketing m
diatique. Jamais il n avait utilis autant de maquillage. M me les blagues
connotation sexuelle ont servi cacher son ge , a soulign le quotidien La
Repubblica.
Mais plut t que de suivre totalement Veltroni sur ce terrain, Berlusconi a
accept de plaisanter en public sur sa vieillesse pour faire passer une autre
image, celle de l entrepreneur exp riment , l homme de la situation. Cas d
cole : face l hypoth se d une vente d Alitalia au groupe franco-n erlandais
Air France-KLM, il s est ainsi rig en d fenseur de l italianit de la
compagnie a rienne. Pour le coup, il a abandonn son discours lib ral pour
endosser les habits du protectionnisme que ne renierait pas la gauche la plus
archa que , commente Piero Ignazi. Au besoin le ca man sait aussi se faire
cam l on.