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Le pr sident Chinois, Xi Jinping, tait mardi Davos en Suisse au Forum
conomique et social. Un moment historique.
Il s est pass , mardi 17 janvier, dans la petite station suisse de Davos, un
moment absolument incroyable, un retournement historique qui figurera demain
dans tous les manuels. Jamais encore un pr sident chinois n tait venu Davos
et ne s tait ainsi adress au monde. Et mardi, sangl dans un costume noir
impeccable, chemise blanche, cravate rouge clatante, quasi imp rial, le pr
sident chinois s est exprim d un ton grave, celui du vieux sage, pour d fendre
la mondialisation, le libre- change et l ouverture au monde.
Lui, Xi Jinping, qui dirige d une main de fer la Chine communiste, a lanc un
appel continuer la mondialisation, investir dans les nouvelles
technologies, acc l rer la transition nerg tique et renforcer le multilat
ralisme. Il faut se frotter les yeux pour y croire. Non, ce n est pas le pr
sident am ricain qui parle, c est bien le pr sident communiste chinois. "Toute
tentative de stopper les changes de capitaux, de technologie et de produits
est impossible et serait rebours de l histoire." "La mondialisation est
attaqu e, mise en cause ? Elle n est pas le probl me", affirme le pr sident
chinois. Les r fugi s ? "C est la cons quence de conflits locaux." La crise
financi re ? "Elle est due l chec de la r gulation." "La mondialisation,
ajoute le dirigeant communiste, a favoris la croissance mondiale, fait
progresser la science et la technologie, bien s r elle a cr des d s
quilibres, mais ce n est pas une raison pour la balayer !"
Un message Donald Trump et Theresa May
Le propos est d autant plus fort qu il est prononc l'approche de
l'investiture de Donald Trump comme pr sident des Etats-Unis et le jour m me o
la Grande-Bretagne affirme son retrait d finitif de l Union europ enne, par la
voix de son Premier ministre Theresa May. Les deux puissances qui ont t les
plus ouvertes sur le monde et m me les fers de lance de la mondialisation font
volte face et d cr tent le repli sur le terrain national.
On est ainsi compl tement fronts renvers s et dans l affirmation de la
puissance chinoise. On l est d autant plus qu Davos, la Chine n a pas de
contradicteurs, l Am rique est mobilis e par la passation de pouvoir, Angela
Merkel par une campagne lectorale qui s annonce plus dure que pr vu. Il n y a
donc personne de poids pour rappeler la Chine qu elle est loin d tre
exemplaire en mati re de libre- change et surtout qu elle reste un r gime
autoritaire, o l Etat policier vient encore d tre renforc et o les libert s
l mentaires sont farouchement combattues.
La Chine n'attend plus son heure
Jusqu ici, les pr sidents chinois avaient toujours d fendu l id e que leur pays
devait jouer profil bas, sans se pr occuper, ni menacer le monde ext rieur. Il
y avait m me cette formule, dans la vulgate communiste, "Cacher ses atouts et
attendre son heure". Aujourd hui, avec Xi Jinping, la Chine pense que l heure
est venue, elle veut s affirmer comme la deuxi me puissance conomique mondiale
qu elle est d sormais, la premi re au plan d mographique et le premier
exportateur mondial. Et une puissance militaire, aussi, puisque la Chine
dispose d sormais du deuxi me plus gros budget mondial consacr la d fense,
derri re les Etats-Unis.
La Chine ne veut plus mettre son drapeau dans sa poche, elle investit d
ailleurs partout dans le monde. Et elle veut se pr senter comme une puissance
raisonnable sur la mondialisation ou sur le d r glement climatique, face aux
sorties tonitruantes, foutraques et protectionnistes du nouveau pr sident am
ricain. C est une sacr e partie qui commence entre ces deux l , et l Europe
serait bien avis e, pour d fendre ses propres int r ts, de s inviter, de s
imposer la table de ces deux g ants.