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La flamb e des prix Paris intra-muros contribue grandement tirer les prix
la hausse, avec une augmentation de 17,9 % sur un an pour atteindre 8 344 euros
/m2 en moyenne, soit un bond de plus 1 200 euros en douze mois. AFP/PASCAL
PAVANI
Les prix des logements anciens ont, sur les six premiers mois de 2011,
poursuivi leur folle course, avec une hausse moyenne de 7,4 % par rapport au
premier semestre de 2010, selon les statistiques publi es, mardi 5 juillet, par
Century21, qui s'appuie sur son r seau de 900 agences. Plusieurs r gions
connaissent des hausses deux chiffres. A Paris, le prix du m tre carr
s'envole de 17 % sur les douze derniers mois, pour atteindre le chiffre moyen
de 8 344 euros. "La rive gauche flambe", constate S bastien de Lafond,
fondateur du site Meilleursagents.com.
Dans la capitale, les acheteurs de moins de 30 ans ont quasiment disparu mais
les secondo-acc dants animent le march . Ceux-l ach tent pour revendre et sont
immunis s contre la hausse des prix. Par ailleurs, les investisseurs n'ont
jamais t aussi nombreux (26 % des acheteurs, contre 16 % dans la France enti
re). "A ces prix, le rendement locatif est faible, mais peu importe pour ces
bailleurs qui visent la valorisation de leur bien et la plus-value la
revente, pas le rendement", analyse Laurent Vimont, pr sident de Century 21.
Les Hauts-de-Seine (+13,7 %) et l'est des Yvelines (+12 %) suivent la tendance
parisienne, tirant l'Ile-de-France (+10,3 %) vers le haut. La plupart des
agglom rations sont la m me enseigne, comme Lyon (6,8 %) ou Marseille (5 %).
Pour M. Vimont, "la hausse est en trompe-l' il pour deux raisons. D'abord, le
nombre de transactions a chut de 7 % ; ensuite, le march est h t rog ne : six
r gions affichent une baisse l'Alsace, l'Aquitaine, l'Auvergne, la Bourgogne,
le Limousin et le Nord. On assiste une sorte d'effet de palier. Le march h
site : d s que les prix augmentent, il se bloque et le nombre de transactions
se contracte ; d s qu'ils baissent, les acheteurs reviennent."
POUVOIR D'ACHAT EN BERNE
Pour M. de Lafond, "nous sommes dans une phase un peu paradoxale, avec des prix
qui montent en apparence, dans un march qui, en r alit , se r gule, voire
stagne, parce que les acheteurs calent devant les propositions de prix de
vendeurs qui refusent de baisser leurs pr tentions. Cela pourrait prendre
plusieurs mois ou plusieurs trimestres avant de baisser concr tement", pr
voit-il.
Les acheteurs compensent la hausse des prix en allongeant la dur e de leurs
emprunts, qui atteint d sormais, selon l'Observatoire Cr dit logement-CSA, 226
mois (presque 19 ans), contre 217 mois, il y a un an (18 ans). "Le prix d'achat
d'un logement ancien repr sente aujourd'hui 4,7 ann es de revenus, soit le m me
niveau qu'en 2007, avant la crise", mesure Cr dit logement.
A l'heure de la crise financi re et du pouvoir d'achat en berne, l'envol e des
prix des logements surprend, inqui te m me, faisant resurgir le spectre de la
bulle immobili re, donc de son clatement d vastateur. En pr sentant, le 9 juin
2011, le rapport d'activit pour 2010 de la Banque de France, Christian Noyer,
son gouverneur, traduisait cette inqui tude : "La hausse continue du prix des
logements contribue donner le sentiment d'une perte de pouvoir d'achat et
avive les revendications salariales. Elle est source de malaise social, de
rigidit conomique et aggrave les in galit s." Il sugg rait un changement de
politique : "Les incitations et les soutiens au financement accompagn s par des
conditions de cr dit tr s favorables de la part des banques ont d'avantage
contribu la mont e des prix qu' l'accroissement des volumes de
construction."
Quelques jours plus tard, c'est le Centre d'analyse strat gique, cellule de r
flexion aupr s du premier ministre, qui lan ait son alerte sur la bulle et
l'endettement des m nages. "Les encours totaux de cr dit, qui taient rest s
stables, 30 % du produit int rieur brut entre 1980 et 1990, ont doubl entre
1999 et 2010. ( ) Il semble aujourd'hui probable que les anticipations la
hausse des prix immobiliers cr ent une bulle sur le march immobilier fran
ais", relevait-il dans son analyse sur "Vingt-cinq ans de prix du logement".
L'Insee carte plut t ce sc nario et s' tonne, dans une tude parue le 18 juin,
de la singularit du march immobilier fran ais. "Il est certain que les
conditions de cr dit ont soutenu les prix. Les m nages fran ais, dont
l'endettement reste raisonnable compar celui de leurs voisins europ ens,
ont, durant la crise, continu s'endetter. Une remont e des taux peut
contribuer un ajustement", estime Sandrine Duch ne, chef du d partement de la
conjoncture. Nul ne parle donc de krach ou de baisse brutale, mais plut t
d'ajustement venir La Banque centrale europ enne, qui s'appr te remonter
les taux, jeudi 7 juillet, donnera-t-elle le signal du repli ?
Isabelle Rey-Lefebvre Article paru dans l' dition du 06.07.11