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Voil le portrait de la France moderne: des habitants qui vivent de plus en
plus seuls, une taille des m nages qui diminue au profit des familles
monoparentales et un travail qui se f minise.
Les m nages fran ais
Au sens de l'INSEE, les m nages repr sentent toutes les personnes vivant sous
le m me toit. Il s'av re qu'aujourd'hui, les m nages sont de plus en plus
nombreux par rapport 1992. Cette augmentation est essentiellement due la
hausse du nombre de personnes seules: une personne sur trois vit seule, ce qui
fait 7,4 millions de personnes.
C t g n ration, 63,7% des personnes vivent en famille, avec ou sans enfants,
soit 15,2 millions de personnes. Parmi ces familles, un m nage sur deux est
sans enfant. Deux raisons cela: "soit parce qu'il n'en a jamais eu, soit
parce que ceux-ci ont quitt le foyer", expliquent Marie-France Cristofari et G
raldine Labarthe de l'INSEE. Si les couples avec enfants sont moins nombreux
qu'en 1990, les familles monoparentales (un parent isol , sans autre personne
dans le logement), elles, augmentent fortement: +22% depuis 10 ans. En 1999,
9,8 millions de familles avec enfants habitent en m tropole: 20% sont des
familles monoparentales et 80% sont des couples. Il s'av re aussi que les
familles monoparentales ont moins d'enfants que les familles en couple (1,54
contre 1,88): 13% des enfants de moins de 15 ans sont lev s dans les familles
monoparentales.
Apr s l'adolescence, les jeunes hommes quittent leurs parents apr s 24 ans. Les
jeunes filles, elles, partent trois ans plus t t, 21 ans. Ensuite, on se
marie de moins en moins: le taux de mariage chute de 90% (1982) 82% (1999).
12% des couples sont compos s de c libataires (des personnes qui ne se sont
jamais mari es) et 6% sont s par es ou divorc es.
Et aux grands ges, il devient plus fr quent de vivre seul(e), m me si le d lai
de vie deux s'allonge. Cela veut dire que les personnes g es sont en
meilleure sant pour rester vivre chez eux et sont donc plus autonomes. Cela
correspond une tendance manifeste d tect e dans le dernier recensement.
Cependant, les femmes g es vivent moins souvent seules qu'en 1990 et davantage
en couple. Les hommes vivent donc de plus en plus vieux. Quant l' ge de la d
pendance, il recule puisque les personnes g es partent en moyenne 80 ans en
maison de retraite.
Le recensement 1999 ne fait pas mention du PACS, puisque celui-ci n'existait
pas en 1999.
7,4 millions de personnes vivent seules
Les derni res tudes sur le rencensement 1999 apportent un clairage nouveau
sur le nombre de personnes qui vivent seules en France. Ce chiffre progresse,
presque vitesse grand V: 12,6% de la population est seule, un chiffre qui a
doubl en trente ans (6,1% en 1962). Ainsi, "en 1999, 7,4 millions d'habitants
en France m tropolitaine vivaient seuls dans leur logement, soit une personne
sur huit", crit Myl ne Chaleix de l'INSEE. Ce sont en grande partie des
personnes g es.
"Cependant, le mot "solitude" me g ne, explique Myl ne Chaleix car les
personnes qui vivent seules* ne sont pas syst matiquement confront es la
solitude". Et d'expliquer: "Une personne qui vit seule dans une ville, mais qui
est tr s install e dans son quartier est parfois moins seule qu'une personne g
e qui vit dans une institution telle une maison de retraite".
Cette vie de personne seule, si elle concerne les femmes, touche aujourd'hui
toutes les classes d' ges. L'INSEE y voit deux raisons. D'abord celle des
changements de comportement et puis une am lioration des conditions de vie,
notamment en terme de logement et de sant . Par exemple, un couple dont chacun
membre vit dans son appartement est assimil deux personnes vivant seules,
dans le classement de l'INSEE.
Les jeunes ne se mettent pas syst matiquement en couple en partant du domicile
familial. A 40 ans, les hommes sont deux fois plus nombreux vivre seuls que
les femmes: ce sont en grande partie des hommes divorc s n'ayant pas la garde
des enfants. A 51 ans, il y a autant d'hommes que de femmes qui vivent seuls.
La profession des personnes seules
Quant leur profession, les personnes seules, apr s le clerg (sic), se
retrouvent plut t au sein des m tiers de l'information, des arts et des
spectacles, o une personne sur quatre vit seule. Et cela, quel que soit leur
sexe. Une femme cadre sur cinq vit seule. La raison? La femme cadre ne se marie
pas avec un homme de cat gorie socio-professionnelle inf rieure la sienne et
elle a moins tendance se marier ou vivre en couple. L'homme, en revanche,
n'exlue pas de se marier avec une femme de cat gorie socio-professionnelle inf
rieure. Leur m tier n'a que tr s peu d'impact d'ailleurs sur le fait qu'ils
vivent seuls ou non: le taux d'hommes seuls selon les m tiers varie de 10
16%, alors qu'il varie de 9 21% chez les femmes, rappelle Myl ne Chaleix.
L'INSEE note enfin que les personnes g es de 60 ans ou plus constituent plus
de la moiti des personnes vivant seules. Ces derni res vivent en majorit dans
les villes, en particulier au centre-ville. Enfin, Paris, une personne sur
quatre vit seule (soit 600.000 personnes), souvent tudiante ou g e.
seule dans son logement (mais qui n'est pas forc ment c libataire).
1960-1999: la mutation d mographique
Le sch ma dit "classique" de la trajectoire d'un individu dans les ann es 60
tait fortement impr gn de civilisation jud o-chr tienne. Si bien que la
personne quittait ses parents pour se marier, avait des enfants, devenait veuf
ou veuve puis mourrait, le plus souvent, dans une maison de retraite. Ou bien
l'individu tait seul toute sa vie, consid r comme "c libataire endurci". Ces
"sch mas" existent bien s r toujours. Mais le recensement 1999 pluch par
l'INSEE rev le une modification des comportements de vie. Aujourd'hui, explique
Myl ne Chaleix, du d partement recensement de la population de l'INSEE, "la
mise en couple est plus tardive et les personnes ne quittent plus forc ment
leur parents pour se mettre en couple". Les 30-50 ans traversent des moments de
solitude apr s des ruptures et peuvent se remettre en couple. Aux grands ges,
on vit de plus en plus chez soi, en raison d'une meilleure sant et d'un plus
grand nombre de logements particuliers.
Les m tiers se f minisent
Les m tiers des services et du commerce ont le vent en poupe. Depuis 10 ans, ce
sont les activit s d'infirmi re, d'aide-soignante, d'assistante maternelle, de
caissier et d'employ de libre-service qui ont connu la plus forte croissante,
indique dans sa note, Thomas Amoss de la division Emploi de l'INSEE.
Or ces m tiers sont principalement exerc s par des femmes. Ainsi le monde du
travail se f minise, passant de 42% de la population active en 1992 45% en
1999. Si une certaine parit s'esquisse, il semble que le secteur de la grande
distribution accuse un plus grand retard en la mati re. Les femmes y
travaillent majoritairement, subissant le temps partiel non choisi ou des
horaires d cal s pour salaires quivalent au Smic.
Cette f minisation du monde du travail entra ne un accroissement des besoins en
garde d'enfants. En 1999, 538000 personnes travaillent ainsi comme assistantes
maternelle, gardiennes d'enfants ou travailleuses familiales, un chiffre qui a
doubl en 10 ans.
La f minisation du monde du travail entra ne galement une hausse du nombre des
employ s de maison et femmes ou homme de m nage chez les particuliers
(+98.000).
Actifs occup s en 1999 Variation 1990-1999 Part des femmes
Assistantes maternelles, gardiennes d'enfants et travailleuses familiales
538.000 +277.000 99%
Adjoints administratifs de la Fonction publique 499.000 +233.000 86%
Agents de service de la Fonction publique (sauf coles et h pitaux) 314.000
+116.000 60%
Employ s de libre-service 179.000 +98.000 71%
Aides-soignantes du public ou du priv 386.000 +95.000 91%
Quelques m tiers principalement f minins
qui ont le plus cr d'emplois entre 1990 et 1999, selon l'INSEE
Des professions dynamiques...
Les secteurs des services et du commerce sont en pleine expansion. C'est
particuli rement visible chez les d taillants de 3 9 salari s dans
l'alimentation (+361%), les responsables commerciaux et assistants marketing
(+197%), les conseillers familiaux (+175%) ou les cadres du recrutement et de
la formation (+145%). Pour les artistes dramatiques et danseurs, les animateurs
socio-culturels et les avocats, l'INSEE enregistre une hausse de pr s de 100%.
....et celles qui s' rodent
A l'inverse, l'emploi ouvrier, qualifi ou non, a diminu de 10% depuis 10 ans.
La main d'oeuvre dans la confection a diminu de moiti depuis 1990 (-48.000
postes) et d'un quart dans le travail des m taux (-96.000 postes). Quant aux m
tiers non qualifi s centr s sur la ma trise sur la ma trise des machines de
bureau (st no-dactylos, op ratrices de saisie en informatique...), ils sont en
voie de disparition.L'agriculture est un secteur qui s' rode fortement,
puisqu'aujourd'hui 2,7% de la population active travaille dans l'agriculture,
apr s une rosion de 38% en dix ans.
Le travail des femmes immigr es
Si les femmes sont aussi nombreuses dans la population immigr e que les hommes,
le recensement de 1999 r v le qu'elles ont un taux d'activit bien inf rieur.
Celui-ci tend cependant augmenter, et suit ainsi le mod le fran ais de
l'activit f minine. g es de 15 64 ans, les femmes immigr es sont 57%
travailler, contre 41% en 1982, notent Catherine Borrel et Julien Bo ldieu de
la Cellule statistiques. En tout, le recensement compte 2,3 millions d'immigr s
actifs en France, ce qui repr sente 8,6% de la population active.
Les femmes immigr es, davantage que les hommes, restent plus touch s par le ch
mage, le temps partiel ou temporaire, que le reste de la population. Elles sont
sur-repr sent s dans le secteur des services aux particuliers. Selon leur pays
de naissance, leur comportement face au travail est diff rent. Ainsi, les
femmes n es au Portugal et en Asie du Sud-Est (Cambodge, Laos, Vietnam) ont un
taux d'activit sup rieur ou proche de celui de l'ensemble des femmes.
83,8% des 3-18 ans scolaris s
Selon l'INSEE, 83,8% de la g n ration des 3-18 ans taient inscrits dans un
tablisssement d'enseignement en France m tropolitaine, soit 11,3 millions de
jeunes. A 3 ans, les enfants sont loin d' tre tous scolaris s: 41,1% seulement
seulement sont inscrits dans des tablissements scolaires, soit 295.829 sur
719.267. Ils sont plus nombreux dans les d partements ruraux, en raison du
manque de structures d'accueil pour la petite enfance (cr ches, jardins
d'enfants..) la campagne. Le taux de scolarisation progresse ensuite
fortement: 93% des enfants g s de quatre ans et 96% cinq ans.
Ensuite, malgr le caract re obligatoire de la scolarisation, de 6 16 ans,
tous les jeunes ne sont pas inscrits non plus l' cole. Certains chappent aux
mailles du filet. C'est valable pour 3% des enfants de 6 ans qui n' taient pas
inscrits en 1999, comme 1,7% des jeunes de 7 11 ans. Entre 12 et 15 ans,
autrement dit pendant les ann es "coll ge", les taux de scolarisation sont
meilleurs, et avoisinent les 99,4% des 3.069.271 jeunes de cet ge-l . Apr s 16
ans, et jusqu' la majorit , 96,4% d clarent encore tudier.
L' tude de l'INSEE montre aussi les difficult s de scolarisation en milieu
rural pour les lyc ens, condamn s tre plus mobiles que les adultes actifs
pour pouvoir tudier. Dans ces r gions, plus de 73% des lyc ens parcourent un
trajet moyen quotidien de 18 kilom tres pour se rendre l' cole . Malgr cela,
le nombre d'internes n'a cess de baisser depuis 30 ans. En 1999, ils taient
287.000 (2,5% des moins de 18 ans) contre pr s de 600.000 au recensement de
1962 et plus de 600.000 en 1968. Les internes sont en majorit des gar ons
(177.500), issus de milieux ruraux. Un tiers des l ves de 16 18 ans, issus
de communes de moins de 200 habitants, sont internes.