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Éloïse Turner est une jeune fille de 18 ans habitant dans la campagne Anglaise.
Bercée par les disques et les récits de sa grand mère qui est sa seule parente, la jeune femme rêve au "swinging london" des années 60.
A sa plus grande joie, elle est acceptée dans une école de stylisme londonienne, mais sa grande mère la met néanmoins en garde contre la rudesse de la grande ville.
Arrivée sur place, elle peine à s'adapter au mode de vie collégiale estudiantin et elle déménage rapidement dans une chambre qu'elle loue à une vieille femme, Madame Collins.
C'est dans cette chambre qu'elle commence à rêver la nuit de Sandie, une jeune femme vivant dans les années 60 qui ambitionne de devenir chanteuse.
Petit à petit, les rêves et la vie de Sandie emplissent l'univers de la jeune femme, au point de s'interpénétrer à sa réalité.
Je me souviens m'être dit un jour que mes deux genres préférés au cinéma était le mélodrame et le cinéma d'horreur, parce qu'ils convoquaient tous deux des émotions fortes.
Ce film m'a rappelé que la peur, cette émotion très primale, pouvait se mélanger à d'autres émotions plus subtiles, sans que celles ci s'excluent.
J'avoue avoir eu des frissons en regardant Last night in soho, sans savoir clairement ce qui me les a procuré: Est ce le récit initiatique du personnage, son histoire personnelle ou la mécanique angoissante du film ?
J'ai l'impression que c'est un peu tous ça à la fois, en fait.
J'ai totalement fait corps avec les émotions d'Éloïse, et un peu comme elle, j'ai eu la tête qui tourne, assailli par un ballet d'images et de sensations, sans trop bien comprendre ce qu'il se passait.
Edgar Wright a la réputation d'être un cinéaste habile qui sacrifie parfois aux effets et privilégie le style.
C'est un peu ce que j'avais ressenti après avoir vu "baby Driver", le seul film que j'avais vu de lui.
C'était bien mené, le genre de film qui se veut moderne dans la forme et qui l'assume.
Je me souviens par exemple, que la bande son du film était déterminée par la playlist du ipod du personnage principal qui changeait les morceaux à sa guise, selon ce qu'il ressentait de la situation (le personnage ne parlait quasiment pas).
C'était novateur, et déjà, témoignait de la volonté du cinéaste de faire ressentir les émotions du personnage au spectateur.
Mais ses qualités n'était finalement que des apports stylistiques et pas grand chose de plus.
Pour "Last night in soho", les idées novatrices du cinéaste sont au service du film et servent totalement sa démarche artistique.
Les rêves nocturnes du personnage sont visuellement très beaux et très bien orchestrés et on a presque envie, comme elle, de se réfugier dans ces scènes.
Réussir à illustrer cinématographiquement des rêves, à faire ressentir au spectateur l'aspect "suspension du réel" au sein de ce qu'il sait être une fiction, c'est, je trouve, franchement remarquable.
L'intelligence du film est qu'il repose sur un récit initiatique qui favorise l'identification immédiate au personnage :
Une très jeune femme pleine de rêves quitte le cocon familial pour se confronter au monde.
Tout ce qui arrive ensuite au personnage, ses visions, son identification à Sandie qui est un peu son double vivant les mêmes choses qu'elle à son âge, peuvent être vus sous un angle simplement métaphorique.
Le film du coup s'adresse à tous le monde et peux être apprécié par quelqu'un qui n'aimerait pas spécialement le cinéma d'angoisse.
Pour les autres, les fans de cinéma d'horreur, le film me fait penser à une sorte de mélange entre Suspiria de Dario Argento et It follows.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce film (parbleu, j'ai eu frissons!) et je me réjouis que le cinéma moderne réussissent à être encore créatif même sur un terrain qui paraît apparemment balisé.
Ce film est le tout dernier rôle joué par Diana Rigg, qui s'en est allée peu de temps après le tournage.