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Dans l’économie de l’attention, la meilleure façon de gagner est de ne pas jouer.
Au cours de mon écrit exhaustif sur mon usage des éditeurs de texte[1] j’ai expliqué qu’une raison principale me poussant à utiliser nano était ces besoins de simplicité et d’échange auxquels répond le texte brut. Dans ce présent texte sera détaillé cette forme de fichier qui bien que simple dans l’idée se peut être un outil redoutable sans besoin de faire appel aux différentes et multiples surcouches créant plus de problèmes que de solutions.
Le texte permet d’échanger des informations, non seulement entre usagers par le biais visuel de l’écran, mais également de manière plus abstraite entre la personne et la machine. Dans un cas comme dans l’autre, l’information est formatée de manière à suivre des règles, des conventions, permettant sa compréhension (À ce propos j’étudie l’Espéranto[2] et le Toki Pona[3]). Décrit simplement, Alice écrit à Bob, qui reçoit et lit l’information de façon simple et efficace. Seulement, ce modèle ignore le rôle du medium de communication. Généralement par le biais oral ou visuel, il existe de nombreuses manières de transmettre des informations et le numérique décrit toute une famille de vecteurs. Ces derniers nécessitent que l’information transite par un appareil électronique et ainsi une transformation des données sous une forme binaire. Un caractère correspond à une séquence de 0 et de 1, composant ainsi mots et phrases. À cela, s’ajoutent les différentes informations possibles au texte, telles que la date, la personne à l’origine, la langue, etc. Tant d’informations qui doivent être fournies à la machine d’une manière qu’elle comprendra, généralement par le biais d’une codification stricte. De la même manière peuvent être indiquées les informations de mise en page, la taille de la fonte, des marges, des paragraphes, quelle partie doit être surlignée, soulignée et ainsi de suite.
Les éditeurs classiques, dits WYSIWYG, répondent aux critères dictés par l’Économie de l’Attention. Les utiliser semble intuitif, leur interface est attrayante et le résultat obtenu est celui attendu. À ce propos j’ai toujours soufflé du nez pendant ma scolarité non pas à l’encontre des collègues s’essayant au ComicSansMs, mais plutôt des responsables souhaitant une mise en page précise mais ne prenant pas la peine de fournir les feuilles de style adéquates ce qui permettrait de gagner un temps considérable par la suite. M’est avis qu’en dehors du cadre de l’apprentissage de la mise en page, cela montre une certaine incompétence de ces personnes qui préfèrent s’attarder sur la forme plutôt que le fond.
Aussi clair que le résultat puisse être, la personne lambda se voit bridée à deux flux de travail peu efficaces :
D’une manière ou d’une autre, ces éditeurs ne sont pas adaptés à une rédaction fluide. Et pour cause, à vouloir remplir toutes les fonctions, on s’enchaîne à des restrictions. Dans le cas des logiciels de traitement de texte, cela s’explique notamment par la volonté, tout à fait louable, d’accessibilité en cachant l’envers du décor derrière des couches. Ce faisant, il est aisé d’obtenir des résultats, mais difficile d’obtenir plus atteint un certain niveau. Ajoutez couches, sur couches et surcouches, et vous obtenez un outil lourd, encombrant et inapte à évoluer. En sont preuve la non compatibilité des formats de fichier par let logiciels de traitement de texte ainsi que la taille des fichiers créés.
Nécessaires à la machine, les balises ne font pas partie du langage humain et ne doivent en conséquence pas le brider. La codification par le biais de balises est nécessaire pour apporter des métadonnées, des informations contextuelles, à l’information textuelle. D’abord considéré comme un apport bienvenu, il alourdit l’information et pousse à oublier d’en questionner l’usage et la valeur ajoutée au message[4]. Combien de temps encore devrons-nous subir les attaques sensorielles que sont les abus d’italique, de gras et de majuscules ? Combien de personnes m’ont dit constamment mettre leur texte en gras par « soucis de lisibilité » alors que l’origine du problème vient probablement d’ailleurs (Au hasard de vouloir afficher du texte de taille minuscule sur des écrans 4k plus grands qu’un lit) ? Évidemment, ces informations constituent un apport non négligeable sur l’authenticité de l’information et un monde en texte brut[5] me paraît difficilement concevable malgré l’attractivité de la pseudo-objectivité que cela apporterait.
Profondément marqué par la philosophie TeX, par l’abus de mise en forme ou un peu des deux, j’ai développé ce besoin constant de séparer le contenu de la forme. Aussi, je me suis tourné vers un entre deux, que sont les langages de balisage léger[6]. Je pense notamment à TeX, MarkDown, GemText, mais il en existe de tous les goûts et toutes les couleurs ! Ces langages présentent divers avantages dont le fait de permettre un minimum de mise en forme, tout en restant lisible sans machine. Simple dans l’idée, ces types de fichiers sont naturellement légers et présentent une grande portabilité[7]. Mais simplicité n’est pas synonyme d’absence de fonctionnalité, loin de là . Aussi, il existe de nombreuses manières de construire au sein de ces limites, que ce soit pour la comptabilité[8], la cuisine[9], et de nombreuses autres situations[10].
Le texte est un formidable vecteur d’information. À lui seul, il est capable de transmettre de manière simple et efficace. Il peut bénéficier de l’usage d’informations supplémentaires garantissant son authenticité. Mais la recherche d’accessibilité et de course à l’audimat ont transformé celles-ci de telle sorte à rendre austère du texte simple. Radicalement non-éthique, cela a également pour conséquence un alourdissement des fichiers échangés sur Internet ainsi que des pratiques du monde physique. Cela n’est heureusement pas une fatalité et existent de nombreuses alternatives à cela, comme des formes plus légères de communication qui, bien que simples, répondent parfaitement aux besoins vraiment essentiels.
[1] Ma relation avec les Ă©diteurs de texte
[2] « Espéranto : la langue internationale »
[3] Toki Pona : le sens de la vie en 120 mots
[4] « The Best Tool for Writing? Plain Text. »
[6] Wikipédia : Langage de balisage léger
[9] Cooklang : langage de balisage pour recettes de cuisine