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S gol ne Royal : "J'ai inspir Obama et ses quipes nous ont copi s"

LE MONDE | 20.01.09 | 08h58 Mis jour le 20.01.09 | 09h47

Washington, envoy sp cial

Elle ne voit pas pourquoi elle "n'assumerait pas : oui, j'ai inspir Obama et

ses quipes nous ont copi s". C' tait au temps o elle tait candidate la pr

sidence et o Barack Obama envisageait seulement de r ussir l' tre. Il a

envoy une quipe Paris tudier son site D sir d'avenir. "Chez nous ils ont

enregistr les id es de 'gagnant-gagnant', de 'citoyen-expert'" Ensuite, M.

Obama a adapt sa "d mocratie participative" la mode am ricaine, "fort diff

rente de l'europ enne". Aux Etats-Unis, tout n'est que "communaut s"

ethniques, religieuses, culturelles, urbaines, m me les quartiers d'habitations

s'intitulent "communities". En Europe, on parlerait de collectivit s, de

mouvements, d'associations, de r seaux. Mais l'id e, dit-elle, lundi 19

janvier, Washington, est la m me : refonder la mani re de faire de la

politique, la relation entre les lites et le peuple.

S gl ne Royal est Washington parce qu'elle a "le sens de l'histoire". Et

surtout, ce moment-l , elle avait "envie de le sentir autrement que devant un

cran de t l vision". Soudain, on lui apporte une enveloppe. A l'int rieur, le

ticket b ni. Elle ne sera ni au premier rang, ni m me au vingti me. Mais elle

aura t l , 200 m tres du lieu ou Barack aura prononc les mots

d'acceptation qui en auront fait le 44e pr sident des Etats-Unis. Elle pourra

dire "j'y tais" et se moque bien des commentaires aigres-doux qu'elle pourra

susciter, gauche ou droite, en France.

QUI RENCONTRE-T-ELLE ? ON N'EN SAURA PEU

Elle en est certaine, elle aura assist "moment essentiel l' chelle du si

cle", un "basculement vers le futur". Ce ne sont pas ses propres mots,

dit-elle, mais ceux qui reviennent dans la bouche de tous ses interlocuteurs am

ricains, "gens de la rue et lites". Car elle est l aussi pour travailler.

Qui rencontre-t-elle ? On n'en saura peu. Elle n'est pas l pour parler

d'elle-m me ni de politique fran aise, mais de Barack Obama. "On doit tous

s'interroger : cette audace am ricaine doit irradier l'ensemble du monde." En r

alit , en voquant le nouveau pr sident am ricain, en filigrane, elle parle

d'elle.

Cette "conception nouvelle du leadership", c'est celle qu'elle aspire imposer

de son c t . Parce que "plus on coute les gens, plus on anticipe, plus

l'autorit s'affermit. Obama a th oris cette vision". Pour preuve,

clame-t-elle, il n'a pas mis fin au mouvement qu'il a g n r une fois son

lection acquise. Au contraire, durant les dix semaines de transition, il a

ouvert le d bat sur sur son site toutes les suggestions, toutes les

initiatives, "et personne n'a dit : il ne sait pas ce qu'il veut faire". Dans

nos soci t s en crise, l'instauration d'"un flux relationnel continu entre le

peuple, les experts et celui qui d cide" ouvre la voie vers la sortie de

l'impasse dans laquelle se meurt la politique. Et c'est encore plus vrai dans

les phases de grandes difficult s, o seule, ajoute-t-elle, la "p dagogie de la

d cision" peut faire accepter les sacrifices.

La crise, elle en est convaincue, n'est pas qu' conomique, mais "morale,

sociale, politique et institutionnelle". Ce qui la s duit le plus, en Obama,

c'est sa capacit mobiliser dans la ferveur et, conjointement, son appel

constant la responsabilit de chacun. Sa mani re d'inventer un nouveau

vivre-ensemble, dit-elle. Le verbe n'est peut- tre pas aussi brillant que chez

le nouveau pr sident am ricain, mais l'aspiration est l . C'est dans "la m me d

marche" qu'elle se rendra, fin janvier, au Forum social mondial de Belem (Br

sil). M. Obama n'y a pas encore annonc sa participation.

Sylvain Cypel