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Une tude de l'observatoire nationale de la d linquance r v le que pr s de la
moiti des victimes de violences physiques le sont dans le cadre de leur foyer.
CEDRIC MATHIOT
Environ 5% des Fran ais de 18 60 ans (soit 1.680.000 personnes) ont t
victimes d au moins une agression physique (hors vol et violence sexuelle) en
2006 et 2007. Et sur cette population, pr s de la moiti , soit 800.000
personnes, ont t victimes de violences de la part d'un membre de leur foyer.
C est un des chiffres marquant d une tude dont l Observatoire national de la d
linquance (OND) publie les conclusions aujourd hui, et qui porte sur les ann
es (2005-2006 et 2006-2007). L OND a compil des donn es recueillies en 2007 et
2008 aupr s de plus de 22.000 personnes dans le cadre de l enqu te annuelle r
alis e par l observatoire et l INSEE aupr s des Fran ais. Cette approche dite
enqu te de "victimation" vise proposer un autre regard sur les statistiques
de la d linquance. Alors que les chiffres du Minist re de l Int rieur reposent
uniquement sur l activit des services de police et de gendarmerie (et peuvent
varier en fonction de celle-ci, ou de la propension des victimes porter
plainte), la victimation se fie elle aux seules d clarations des enqu t s. La m
thode s inspire des pratiques anglo-saxonnes (depuis 1981, les Anglais proc
dent une tude, qui touche aujourd hui pr s de 45.000 personnes par an).
Voici les principaux enseignements de l'enqu te :
La violence subie par les hommes... et par les femmes
Les deux sexes confondus, 4,8% des Fran ais disent avoir t victimes de
violences physiques (hors vols et violences sexuelles) au moins une fois en
2006 et 2007. Cette proportion est de 4,7% chez les hommes, tr s proche du
chiffre que l OND a trouv chez les femmes : 4,9%. Mais la nature des violences
subies, et l auteur de ces violences diff rent beaucoup. Sur 800.000 hommes d
clarant avoir t victimes de violence, 72,5% voquent un acte de violence hors
m nage. La donne est inverse chez les femmes : 80% des femmes ayant t
victimes de violences ont t vis es par une connaissance personnelle
(voisin, coll gue, parents), et 61,5% par un agresseur issu de leur m nage.
La violence en fonction de l' ge : les jeunes en premi re ligne
C est entre 18 et 24 ans que les Fran ais sont le plus confront s la
violence. Pr s de 10% (9,3%) des hommes de cette tranche d ge ont d clar
avoir subi au moins un acte de violence sur les deux ans. C est la cat gorie de
population la plus expos . Les femmes du m me ge d clarent elles aussi une
exposition sup rieure la moyenne : 7,6% disent avoir t victimes d'une
agression au moins. Par la suite, les chiffres baissent pour les deux sexes. A
noter qu' partir de 25 ans, la part des femmes se d clarant victimes est
toujours sup rieure celle des hommes du m me ge.
La violence dans le m nage
La violence est largement une affaire domestique : le nombre de personnes se d
clarant victimes de violence intra-m nage approche les 800.000. Soit 2,3% de
la population vis e par l enqu te. Celle ci r v le que pr s d une personne sur
deux ayant d clar des violences physiques (48%) dit avoir t victime d une
personne vivant avec elle. Dans pr s de 30% des cas (28,8%), les personnes
ayant t agress l ont t au moins une fois par un conjoint ou un ex-
conjoint. Ce pourcentage monte 42% chez les femmes. Dans 17,5% des cas
(290.000 personnes), un autre membre de la famille a port des coups.
Les victimes des violences familiales d clarent le plus souvent une r p tition
des faits (deux fois ou plus sur les deux ann es) et aussi une proportion sup
rieure de violences ayant entra n s une blessure ( 44,2%) contre 37,6% pour les
violences hors-m nage.
Pr s de 1,5% des personnes vivant en couple d clarent avoir subi au moins un
acte de violence physique (hors agression sexuelle) de la part de leur conjoint
actuel. Ces taux sont respectivement de 1% pour les hommes, et de 2% pour les
femmes. Il monte 3% pour les femmes de 18 24 ans.
Le ch mage appara t comme un facteur explicatif des violences conjugales: 3,8%
des femmes au ch mage d clarent avoir subi au moins un acte de violence de la
part de leur conjoint. Ce taux atteint 4,6% si le conjoint lui-m me est sans
emploi.
Les populations les plus expos es
8,6% des personnes appartenant une famille monoparentale d clarent avoir t
victimes de violence. Ce chiffre, tr s nettement au dessus de la moyenne (4,5%
pour les autres types de m nage) s explique par la recrudescence, dans cette
cat gorie de population, de violence commises par des auteurs connus
personnellement, et en particulier par des membres de la famille (6,4% des
adultes de 18 60 ans vivant dans une famille monoparentale d clarent avoir t
victimes d'une connaissance personnelle, et 3,1% d'un membre de la famille,
contre des taux inf rieurs 3% et 1% dans les autres m nages).
Enfin, les habitants des zones urbaines sensibles sont plus expos s que leurs
concitoyens : plus de 7% d clarent avoir t victimes au moins une fois de
violence physique.
Quelles proportions de plaintes d pos es?
C est un des avantages des enqu tes de victimation par rapport la statistique
de la d linquance enregistr e par les services de police : elles permettent d'
valuer le taux de plaintes des victimes. Selon l enqu te de l OND, la
proportion de victimes ayant port plainte au moins une fois est proche de 30%
pour les violences physiques hors m nage. Un niveau plus de trois fois sup
rieur au 9% des violences intra-m nage. Moins d une victime de violence intra-m
nage sur dix a port plainte pour l un au moins des actes subis sur les deux
ans de l tude.
Pourquoi l enqu te s arr te-t-elle 60 ans ?
A cause d un couac inattendu. L enqu te tait pr vue pour viser les Fran ais
jusqu 75 ans. Las, l OND s est rendu compte, en compilant ses r sultats, que
chez une partie non n gligeable de personnes ayant d pass les 60 ans, les r
ponses aux questionnaires d raillaient un peu. L explication a t trouv e :
dans la partie "auto-administr e" de l enqu te (qui concerne les violences
intra-m nage, et se fait pour des raisons de confidentialit devant un
ordinateur avec un casque sur les oreilles), plusieurs dizaines de personnes
au-del de 60 ans auraient t trahies par leur mauvaise pratique du clavier.
Appuyant trop longtemps sur les touches, elles ont, en un seul clic prolong , r
pondu par l affirmative une s rie de questions (et notamment l une portant
sur les violences subies de la part de leurs parents). Le modus operandi de
l'enqu te a t chang (une nouvelle touche de transition a t ajout e entre
les questions). Mais l OND, pour cette fois, a donc pr f r faire l impasse sur
les plus de 60 ans.