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Cent ans apr s son assassinat, la quasi-totalit des partis politiques sont s
duits par sa stature intellectuelle et politique, et son image de h ros r
publicain.
Par Francetv info avec AFP
Mis jour le 31/07/2014 | 11:58 , publi le 31/07/2014 | 11:58
"Jaur s, l'homme du socialisme, est aujourd'hui l'homme de toute la France, on
se l'arrache, on se le dispute." Le constat est sign Fran ois Hollande et date
du mois d'avril, lorsque le pr sident de la R publique tait all lui rendre
hommage dans son fief ouvrier de Carmaux (Tarn).
Cent ans apr s l'assassinat de Jean Jaur s, le 31 juillet 1914, tous les partis
politiques se disputent l'h ritage du leader socialiste. Fran ois Hollande a de
nouveau salu sa m moire, mercredi 31 juillet, au Caf du Croissant , 146 rue
Montmartre Paris, lieu o il fut abattu.
De l'extr me gauche l'extr me droite, chacun essaie de le r cup rer. Rien de
plus normal gauche, Jean Jaur s ayant t l'un des cofondateurs de la SFIO en
1905, un an apr s avoir cr le journal L'Humanit . Plus surprenant, droite,
quand Nicolas Sarkozy s'en tait r clam pendant la campagne de 2007. M me le
FN s'y est mis, en 2009, en imprimant une image de campagne d tournant l'une de
ses citations.
Socialistes et communistes se disputent son h ritage
Le Parti communiste revendique l'exclusivit du legs de Jaur s. Dans une vid o
publi e le 22 juillet, un acteur jouant un Jaur s ressuscit demande aux
socialistes dans "quel foss ils ont jet leur courage". "Taisez-vous et
laissez parler Jaur s", lance son secr taire national, Pierre Laurent, dans une
d claration l'adresse des "libres interpr tes contemporains de gauche ou de
droite, voire d'extr me droite, qui cherchent l'enr ler, pour ne pas dire
l'usurper".
M me tonalit chez Jean-Luc M lenchon, le copr sident du Parti de gauche, qui
termine une tribune dans le dernier num ro du Journal du dimanche par un "Jaur
s, reviens ! Ils ont chang de camp !", visant ceux qu'il d signe souvent par
le sobriquet de "solf riniens". Sur RTL, mercredi, il affirme que Jaur s "est
le contraire de Fran ois Hollande". Quant sa r cup ration par tout l'
chiquier politique, c'est "une autre mani re de l'assassiner".
Pour une autre partie de la gauche, Jean Jaur s appara t au contraire comme un
"r formiste progressiste". Il ne se r sout pas abandonner le march au
capitalisme, mais consid re que la bourgeoisie peut participer au progr s
social dans l'int r t de tous. "Dans un pays o les classes moyennes ont pris
une grande importance, cette pens e reprend une grande force aujourd'hui",
explique Jean-No l Jeanneney, ex-pr sident de la Biblioth que nationale de
France et coauteur du documentaire Jaur s est vivant !.
Le Parti socialiste a en tout cas multipli les hommages : projections-d bats
Solf rino, expositions, hommage de l'hebdo du parti, lancement d'un concours
photo pour gagner un "chargeur universel Jean Jaur s", un mug ou un tee-shirt
l'effigie du d put du Tarn, et cr ation d'une police de caract res qui porte
son nom, d taille Le Point.
"Il y a le r publicain, le la que et le rebelle"
Homme de dialogue, pass des r publicains aux socialistes, qu'il unifie au sein
de la SFIO en 1905, Jean Jaur s est devenu une ic ne r publicaine, plus encore
que Georges Clemenceau. Y compris droite. Mais "tout le monde ne fait pas r f
rence au m me Jaur s", temp re Gilles Candar, pr sident de la Soci t d' tudes
jaur siennes : "Il y a le r publicain, le la que et le rebelle, avec sa vision
revendicatrice. Depuis la visite du g n ral de Gaulle Carmaux, en 1960, on
cite aussi Jaur s comme un patriote".
En 2009, lors de la campagne des lections europ ennes, le candidat FN Louis
Aliot avait placard une affiche l'effigie de Jean Jaur s, accompagn de
cette citation, prononc e en 1920 et sortie de son contexte : "A celui qui n'a
plus rien, la patrie est son seul bien." Suivie de la mention : "Jaur s aurait
vot Front national."
Affiche du Front national pour les élections européennes de 2009.Affiche du
Front national pour les lections europ ennes de 2009. (DR)
"Mais si on s'int resse Jaur s, sa d fense de la R publique, ses combats
pour l' mancipation et son internationalisme, la contradiction appara t vite.
On ne r cup re pas Jaur s si facilement", commente Gilles Candar dans une
interview au Monde.
Pour Jean-No l Jeanneney, les partis viennent d'abord chercher une b n diction
r publicaine aupr s de ce martyr de la paix, panth onis en 1924. De plus,
"comme Jean Jaur s n'a jamais t au pouvoir, les grands principes qu'il a d
fendus n'ont jamais d tre affront s".
Dans ses textes, Jaur s montre un "vrai sens de l' volution et de l'histoire",
face des courants politiques qui taient plus "dogmatiques", assure Gilles
Candar. Pour l'historien, Jean Jaur s est surtout un optimiste, aux yeux duquel
"les difficult s pr parent des solutions d'avenir". Ce jaur sien juge que "le
plus important, c'est de se confronter ce qu'il a pu dire. Pour le c l brer
vraiment, il faudrait relire une ou deux de ses pages".