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Ob sit : un facteur social de plus en plus marqu

Le Monde.fr | 16.10.2012 10h23 Mis jour le 16.10.2012 10h39

Par Pascale Santi

La progression de l'ob sit se poursuit en France, mais pour la premi re fois

depuis 1997, la hausse se ralentit. C'est ce que montre la derni re tude

ObEpi-Roche sur la pr valence de l'ob sit et du surpoids, r alis e de janvier

mars aupr s de 25 714 personnes g es de plus de 18 ans, publi e mardi 16

octobre et disponible sur le site Roche.fr.

Selon cette enqu te, men e tous les trois ans depuis 1997, ces maux touchent

aujourd'hui 15 % de la population, contre 14,5 % en 2009, soit une augmentation

de 3,4 % qui rompt avec les hausses deux chiffres des pr c dentes enqu tes.

"C'est la premi re fois depuis quinze ans qu'il n'y a pas d' volution

significative de l'ob sit . On peut esp rer que cela se confirme", se f licite

le professeur Arnaud Basdevant, chef du service nutrition l'h pital de la

Piti -Salp tri re Paris, qui coordonne l'enqu te, financ e par Roche, avec le

docteur Marie-Aline Charles, pid miologiste et directrice de recherche

l'Inserm.

La France fait partie des pays europ ens qui "r sistent" le mieux,

contrairement la Grande-Bretagne et l'Allemagne qui sont sur des tendances

volutives pr occupantes, sur le "mod le" nord-am ricain (30 % d'ob ses). La

part de la population adulte en surpoids dans notre pays reste cependant lev

e, avec un taux actuel de 32,3 % (31 % en 1997), soit 14,8 millions de

personnes. Le nombre d'ob ses a presque doubl en quinze ans pour atteindre 6,9

millions de personnes parmi les 3,1 % de cas d'ob sit s v re et 1,2 % d'ob sit

dite morbide, les plus risques pour la sant . Les femmes sont plus touch es

que les hommes 15,7 % contre 14,3 % alors qu'on ne comptait que 8,3 % d'ob

ses dans la population f minine il y a quinze ans.

FACTEUR SOCIAL DE PLUS EN PLUS MARQU

En France, trois tudes montrent une stabilisation chez les enfants. En

revanche, le nombre d'ob ses dans la tranche d' ge 18-24 ans a progress de 35

% en trois ans, et touche d sormais 5,4 % de cette population. Une enqu te sur

les habitudes de vie des jeunes r alis e par Ipsos-Logica Business Consulting

pour Doing Good Doing Well, publi e jeudi 11 octobre, a donn des pistes pour

comprendre cette progression. Ainsi, 61 % des jeunes disent manger au moins une

fois sur deux devant un cran, ils sautent souvent des repas, compensent en

grignotant. Plus d'un jeune sur trois d clare ne pas faire de sport (38 %), un

sur quatre boit "souvent" des sodas lors des repas, contre seulement un sur six

qui dit boire "tr s souvent" de l'eau.

Le facteur social, observ depuis plusieurs ann es, est de plus en plus marqu ,

selon l'enqu te ObEpi-Roche. "Cet impact de la trajectoire sociale sur le d

veloppement de l'ob sit est l'un des points qui nous pr occupe le plus",

insiste le professeur Basdevant. L' tude montre en effet que les pauvres sont

beaucoup plus touch s par l'ob sit que la moyenne. Un quart des personnes dont

les revenus mensuels sont inf rieurs 900 euros sont ob ses, contre 7 % de

celles dont les revenus d passent 5 300 euros. Une m me corr lation est observ

e avec le niveau d'instruction ou la profession.

Evolution de la pr valence de l'ob sit , en fonction du sexe, de l' ge et des

revenus

Autre facteur d'in galit : le lieu de r sidence. Des diff rences r gionales

perdurent: le Nord-Pas-de-Calais est la r gion plus forte pr valence d'ob sit

(21,3 %), suivie par la Champagne-Ardenne (20,9 %) et la Picardie (20 %). La

r gion Provence-Alpes-C te d'Azur et Midi-Pyr n es sont les r gions o ces taux

sont les plus faibles, respectivement 11,7 % et 11,6 %. Cette tude ne prend

pas en compte l'outre-mer, o les chiffres sont bien sup rieurs.

Les personnes ob ses ont davantage de pathologies que le reste de la

population. Une sur trois pr sente un probl me cardio-vasculaire, contre une

sur cinq pour la moyenne nationale. De m me, on note sept fois plus de diab te

trait chez les sujets ob ses.

Il n'y a pas de m thode miracle pour gu rir de l'ob sit , dont les causes sont

multifactorielles. Le mode de vie est souvent en cause : alimentation trop

abondante et/ou trop grasse, vie trop s dentaire, etc. Dans tous les cas, il

est n cessaire de mettre en place une prise en charge personnalis e et

psychologique. Certes, la psychanalyse n'est pas une technique pour soigner

l'ob sit . "Mais on essaye de savoir ce qui dans l'histoire de la personne fait

qu'elle a un rapport d sordonn l'alimentation", explique Catherine

Grangeard, qui propose une approche ax e sur l'analyse. Pour Arnaud Basdevant,

"au-del des plans ponctuels de lutte contre l'ob sit , il faut mettre en place

des programmes de sant publique plus avanc s. Le d veloppement des maladies

chroniques doit inciter imaginer des politiques plus ambitieuses".