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Un vent de temp te souffle sur l' olien outre-Manche. Lundi 9 janvier, un
rapport publi par le think tank britannique Civitas a relanc le d bat entre
les pro et anti-turbines. L objet du litige : cette nergie cens e tre propre
et renouvelable se r v lerait en r alit ch re et inefficace en termes de r
duction des missions de CO2 compar e au nucl aire ou au gaz. Pire, elle entra
nerait davantage de rejets de gaz effet de serre en faisant appel aux
centrales gaz ou charbon, par -coups, en cas de manque ou d exc s de vent.
"Il n'existe pas de justification conomique l' nergie olienne", conclut
sans ambages l tude du cercle de r flexion ind pendant, qui recommande au
gouvernement britannique d abandonner son projet de construire 32 000 turbines
d ici 2020, faute de quoi le pays serait incapable de remplir ses objectifs de
r duction des missions de CO2.
Le rapport, r dig par l conomiste et ancien conseiller du gouvernement
britannique Ruth Lea, et non-soumis l valuation des pairs, se base
essentiellement sur deux travaux : une tude des consultants en ing nierie Mott
MacDonald (juin 2010), qui sugg re que les conditions m t orologiques
britanniques en hiver conduisent souvent une combinaison de temps froid avec
tr s peu de vent, rendant les parcs oliens incapables de rivaliser avec
d'autres formes d' nergie lorsque la demande est son plus haut ; et le
rapport (octobre 2011) du physicien retrait hollandais Kees Le Pair, qui
pointe une consommation accrue de carbone par l' olien, lorsque les co ts de
l'intermittence et de la construction sont pris en compte.
Trois rapports men s par des experts notoirement anti- olien, note le
journaliste du Guardian Leo Hickman, qui a d crypt l tude de Civitas avec l
aide des internautes. Si le cercle de r flexion maintient ses assertions, les
ONG contre-attaquent. Alors, quels sont les arguments conomiques pour et
contre ?
Les arguments contre l nergie olienne.
- Le probl me de l'intermittence. Comme le vent est une source d nergie ni
fiable ni r guli re, les turbines doivent tre coupl es avec une source d
lectricit disponible imm diatement. Quand le vent ne souffle pas - ou souffle
trop fort lors des temp tes le gaz, le charbon ou le nucl aire prennent ainsi
le relais pour assurer un approvisionnement en lectricit continu du pays. Au
final, les oliennes ne produisent de l' nergie qu'environ 30 % du temps ce qui
implique des co ts conomiques et cologiques lev s pour cette nergie d
appoint, estime Civitas. "En fonctionnant seules, les centrales gaz les plus
efficaces mettent moins de dioxyde de carbone que l olien coupl au gaz. Sans
compter qu'avec l' olien, les consommateurs payent deux fois : pour l' nergie
renouvelable, et pour les combustibles fossiles qu'ils continuent consommer",
accuse le rapport.
- Les co ts additionnels. Construire des turbines produit du dioxyde de
carbone, surtout pour l offshore qui n cessite des structures massives. Il faut
environ dix-huit mois de fonctionnement pour compenser ces co ts nerg tiques,
estime le rapport de Kees Le Pair. Et chaque olienne doit tre remplac e tous
les 12 30 ans. Leur r paration a aussi un co t, de m me que leur connexion au
r seau lectrique. Les turbines d pendent par ailleurs de l' lectricit pour d
marrer et r chauffer leurs composants.
- En int grant tous ces co ts suppl mentaires, Ruth Lea conclut que l olien
est de loin l nergie la plus ch re : 177 euros le m gawatt-heure pour l
onshore (dont 73 euros de co ts additionnels) et 217 euros par MWh pour l
offshore (81 euros de surco ts) contre 82 euros pour le nucl aire, 117 pour le
gaz et 135 pour le charbon.
- Le co t est aussi cologique, estime quant lui Klees le Pair. Le chercheur
hollandais a estim qu un parc olien de 300 MW, fonctionnant pendant 21,5
heures lors d une journ e normale en termes de vent, a n cessit la
consommation de 47 150 m3 de gaz naturel, provoquant une mission suppl
mentaire de 117,9 tonnes de CO2 dans l'atmosph re.
Les arguments pour l nergie olienne.
- Une comp titivit accrue. Un rapport tabli par l'agence conomique Bloomberg
en novembre 2011 soutient que la performance des parcs oliens s est am lior e
tandis que leurs co ts ont baiss . "Le co t de l' nergie produite par les
oliennes onshore a chut de 14 % chaque doublement de la capacit install e
entre 1984 et 2011. Aujourd hui, les parcs les plus performants dans le monde
produisent une nergie comp titive avec celle des centrales charbon, gaz ou
du nucl aire. La moyenne des fermes atteindra ce niveau en 2016", indique le
rapport. En prenant en compte le co t du carbone mis, l olien serait d j
aussi rentable que le gaz.
- Une interconnexion positive. Le rapport pour 2050 de la Fondation europ enne
pour le climat prouve qu une plus grande interconnexion des parcs oliens en
Europe r duirait l utilisation de gaz de 35 % 40 %. Plus les pays connectent
des oliennes sur le r seau lectrique, et moins ils ont besoin de faire appel
d autres nergies en cas d absence de vent puisqu'ils peuvent faire appel aux
productions renouvelables trang res. Ce que le rapport de Civitas semble
massivement sous-estimer.
- Une intermittence minime. Lorsque moins de 20 % de la production lectrique
provient de l olien, l'intermittence repr sente moins de 10 % des co ts de
production, soit 11 euros de surco t (et non les 73 euros cit s par Civitas),
assure, tudes l'appui, Robert Gross, directeur du Centre de recherche
britannique sur l nergie. Par ailleurs, Gordon Edge, directeur des tudes au
sein du groupe pro- nergies renouvelables RenewableUK, cit par le Telegraph,
note que l tude de cas de Kees Le Pair se base sur une seule ferme olienne,
et non sur plusieurs l chelle d un pays, augmentant donc artificiellement
les effets n gatifs de l intermittence.
- Des nergies non renouvelables co teuses. "Les missions de carbone li es
la construction et au maintien des parcs oliens sont faibles compar es
celles entra n es par le fonctionnement des centrales de combustibles
fossiles", poursuit Robert Gross. Ainsi, les prix imbattables du nucl aire font
fi du d mant lement des centrales ou de leur am lioration ainsi que de la
gestion des d chets. Des co ts additionnels que le rapport de Civitas a omis de
calculer pour les nergies fossiles.
Audrey Garric