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LEMONDE.FR | 10.01.12 | 10h16 Mis jour le 10.01.12 | 10h24
Eva Joly, lundi 9 janvier au meeting contre le logement cher Paris.AFP/
BERTRAND GUAY
Six partis politiques repr sent s, trois candidats l' lection pr sidentielle,
des syndicats, des associations, des artistes : la gauche s'est montr e unie
lors du "meeting contre le logement cher", lundi 9 janvier Paris. Quelque 1
000 personnes s' taient rassembl es au Th tre du Rond-Point l'invitation de
l'association Droit au logement (DAL) et de la fondation Copernic, sous le
slogan : "un toit, c'est un droit". Quatre heures durant, une vingtaine
d'intervenants ont r clam la baisse des loyers.
"Est-ce normal qu'il faille consacrer en moyenne 30 % de ses revenus pour se
loger ?, s'est interrog Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole national de DAL. Et
pour ceux qui n'ont pas de revenus, c'est vivre dans des taudis, des caves, des
campings, des bidonvilles." "3,5 millions de personnes sont peu ou pas log s,
100 000 familles sont menac es d'expulsion. Il y a urgence", a press Margaux
Leduc, du collectif Jeudi noir, tandis qu'en arri re-plan, des graphiques
montraient l'explosion des prix des loyers : + 118,7 % entre 1985 et 2010,
alors que l'indice des prix la consommation, lui, a progress de 63,6 %. Une
tendance qui s'est acc l r e depuis dix ans, entra nant le doublement du nombre
d'expulsions locatives.
"SORTIE DE LA PR CARIT NERG TIQUE"
Premi re pr tendante l'Elys e s'exprimer, Eva Joly a d nonc la "d
faillance des pouvoirs publics, [qui] ont baiss les bras et laiss faire les
march s". La candidate d'Europe Ecologie-Les Verts, dont plusieurs membres de
son quipe ont t des militants actifs de Jeudi noir, a d taill ses
propositions : un "moratoire de trois ans" sur le prix des loyers,
"l'interdiction de mettre fin au bail d'un logement pour le vendre", la sortie
"de la pr carit nerg tique" en r habilitant 300 000 logements par an et un
"grand programme de travaux" avec la construction de 150 000 logements sociaux
chaque ann e. Pour leurs financements, la candidate cologiste a renvoy vers
son "contre-budget 2012", publi r cemment sur son site (PDF). Eva Joly a
galement renouvel sa volont d'un "encadrement strict des loyers", citant
l'Allemagne en exemple.
Jean-Luc M lenchon est revenu sur la revendication de "baisse des loyers" et
plaid pour la mani re forte. "On calcule la moyenne des loyers dans une
certaine zone. Tous ceux qui sont au-dessus, on rabaisse. C'est simple", a
affirm le candidat du Front de gauche. Il a galement appel "r quisitionner
les logements vides" selon le collectif Jeudi noir, 10% du parc immobilier de
Paris est vacant et constuire 200 000 logements sociaux par an. Comment
compte-t-il financer ces mesures ? "Trouver de l'argent, c'est facile ! Il y en
a partout, a affirm le pr sident du Parti de gauche. On utilise les pargnes
du livret A, dont on double le plafond."
Le d put europ en propose de poursuivre en justice les maires n'appliquant pas
la loi de 2000 relative la solidarit et au renouvellement urbains (SRU), qui
impose chaque commune d'avoir 20 % de logements sociaux. Dans ce cas, "les pr
fets se substitueraient aux maires pour les permis de construire".
"SERVICE PUBLIC URBAIN"
Ces maires r fractaires la loi SRU, Philippe Poutou propose, lui, de "les
sanctionner d'in ligibilit ". Comme M. M lenchon, le candidat du Nouveau parti
anticapitaliste (NPA) s'est montr favorable la r quisition des "2 millions
de bureaux et logements inoccup s". D non ant dans le mal logement "le r sultat
du syst me capitaliste", M. Poutou a appel un "service public urbain", qui
regrouperait "en une soci t publique les 140 soci t s HLM".
Pour le Parti socialiste, la s natrice de Paris et ancienne ministre du
logement, Marie-No lle Lienemann, a affirm qu'"aucune loi sur le logement ou
sur le droit des locataires n'a pas t acquise par la gauche au pouvoir",
citant la loi Quilliot, qui affirmait en 1982 que "le droit l'habitat est un
droit fondamental", et la loi SRU, adopt e sous le gouvernement Jospin. Le PS
veut aujourd'hui aller plus loin, selon Mme Lienemann, en passant le seuil de
logements sociaux dans chaque commune de 20 % 25 %.
Plusieurs intervenants ont fustig la proposition de loi, adopt e l'unanimit
par l'Assembl e nationale le 16 novembre 2011, qui vise interdire toute
personne de vivre plus de trois mois dans un camping. "Honte ceux qui [l']ont
vot ", a lanc Jean-Luc M lenchon. Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole national
de DAL, a solennellement demand au S nat, majorit socialiste, "de ne pas
discuter de cette loi avant l' lection pr sidentielle".
Alexandre Pouchard (avec Laurine Moreau)