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LEMONDE.FR | 16.12.10 | 11h42 Mis jour le 16.12.10 | 12h04
Le premier ministre luxembourgeois et pr sident de l'Eurogroupe, Jean-Claude
Juncker, n'en d mord pas. Jeudi 16 d cembre, dans un entretien Lib ration, il
a de nouveau insist pour que soit discut l'instauration d'euro-obligations
lors du Conseil europ en qui r unit les chefs d'Etat et de gouvernement des
pays membres jeudi et vendredi Bruxelles.
Selon lui, cette "arme contre des march s irrationnels" est la seule solution
pour sortir de la crise que traverse actuellement la zone euro, avec des pays
comme la Gr ce et l'Irlande qui n'ont plus d'autre choix que de recourir
l'aide des autres pays europ ens pour emprunter.
Du fait du peu de confiance qu'ont les march s dans leurs finances, ces deux
pays ont en effet vu les taux d'int r ts de leur dette exploser. A tel point
que les carts de taux d'int r ts entre les pays de la zone euro les plus
fragiles et les plus solides Allemagne en t te atteignent aujourd'hui des
records. A titre d'exemple, l'Irlande peut emprunter aujourd'hui 8 % sur dix
ans, contre peine 3 % pour l'Allemagne.
D'o la n cessit , selon Jean-Claude Juncker, d'emprunter de mani re commune
pour mutualiser les risques et prot ger les plus faibles face aux attaques des
sp culateurs. Des emprunts qui se feraient tous au m me taux.
Le dispositif pourrait notamment passer par une Agence europ enne de la dette
qui mettrait ces obligations. Jean-Claude Juncker et le ministre des finances
italien, Giulio Tremonti, ont ainsi propos que les pays de l'UE mettent
jusqu' 50 % de leurs nouveaux emprunts par ce biais. Les pays les plus
fragiles pourraient monter jusqu' 100 %.
REJET FRANCO-ALLEMAND
Mais Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont plusieurs fois expliqu qu'ils ne
voulaient pas de ces euro-obligations. Pour la chanceli re allemande, elles "ne
permettent pas de concurrence entre les taux d'int r t". Or "la concurrence des
taux d'int r t est une incitation respecter les crit res de stabilit ",
juge-t-elle, les investisseurs r compensant par des taux bas les pays les plus
vertueux.
Berlin craint que certains Etats, par s de la s curit de ces obligations, ne
fassent plus l'effort de contr ler leur dette. A cela s'ajoute un argument budg
taire vident : l'Allemagne emprunte actuellement un taux inf rieur la
moyenne europ enne. Avoir recours des euro-obligations rench rirait de 17
milliards d'euros par an le co t de sa dette, estimait le Frankfurter
Allgemeine Zeitung, le 13 d cembre.
Pour tenter de vaincre les r ticences franco-allemandes, certains conomistes
et responsables politiques, comme l'ancien premier ministre belge Guy
Verhofstadt, ont propos de n'inclure dans ce march des euro-obligations que
la premi re tranche de 60 % de la dette publique des pays. Au-del , les Etats
devraient se d brouiller seuls. Une mani re de les encourager ramener le
volume de leurs dettes sous le seuil de 60 % du PIB, qui est en principe le
plafond maximal autoris dans l'UE.
Mais de tels am nagements ne suffiront pas convaincre Berlin. Les
euro-obligations ne sont "pas une solution", a r affirm mercredi Angela Merkel
Berlin. "Je suis suffisamment r aliste pour savoir que [ ] cette question
n'occupera pas le devant de la sc ne et qu'aucune d cision dans un sens ou dans
un autre ne pourra tre prise" lors du conseil de jeudi et vendredi, admet
d'ailleurs Jean-Claude Juncker.
Paris et Berlin pr f rent tous deux assurer la p rennit du Fonds europ en de
stabilit financi re (FESF) dot de 440 milliards d'euros qui pr te par la
suite aux membres en difficult . A Bruxelles, les chefs d'Etat et de
gouvernement devraient d cider d'engager un changement de trait pour cr er un
m canisme permanent de solidarit financi re pour remplacer le FESF, qui
prendra fin en 2013.
Certains pays souhaitent galement augmenter ses fonds afin de rassurer les
march s financiers. Mais l encore, Angela Merkel freine, de crainte qu'une
telle hausse d responsabilise les Etats en difficult .