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Dans huit cas sur dix, la victime conna t le violeur

Une jeune femme dans le hall d'entr e de son immeuble. Elle prend son courrier,

monte dans l'ascenseur. L'agent d'entretien l che son aspirateur pour la

suivre. Et un peu sur le mod le des messages de pr vention contre les accidents

de la route, la voix off, glac e, balance: En France, pr s de 200 femmes sont

viol es chaque jour. Dans 8 cas sur 10, la victime conna t le violeur. Le plus

souvent le viol est commis chez elle ou chez lui. Cela doit changer. Signez le

manifeste contre le viol.

C'est l'un des trois clips chocs ( voir ci-dessous) de la campagne nationale

contre le viol, lanc e ce mercredi par trois associations f ministes. Entretien

avec Caroline de Haas, porte-parole de l'association Osez le f minisme .

Pourquoi lancer cette campagne la veille de la journ e internationale contre

les violences faites aux femmes ?

On esp re ainsi faire sortir le viol du silence dans lequel il reste confin

depuis des ann es. C'est un probl me majeur de notre soci t , et non pas

marginal comme on pourrait le croire. Chaque ann e, au moins 75.000 femmes sont

victimes de viol. C'est 200 femmes par jour, soit un viol toutes les sept

minutes !

D'o vient ce chiffre ?

Il ressort de la derni re enqu te 2007-2008 de l'Observatoire national de la d

linquance, men e avec l'Insee aupr s de quelque 15.000 personnes. On pense m me

que ce chiffre de 75.000 viols par an est sous- valu dans la mesure o l'enqu

te ne porte que sur les d clarations de personnes majeures, excluant donc les

viols de mineurs.

Mais nous ne souhaitons pas que le d bat se focalise sur le chiffre.

L'important, c'est surtout de faire tomber des pr jug s: non, le viol n'est pas

marginal. Et non, il n'est pas l'apanage des ruelles sombres avec des filles en

d collet -minijupe qui l'auraient un peu cherch . Le viol est le seul crime o

la victime est trop souvent per ue comme un peu responsable !

Comment l'expliquez-vous ?

Notre soci t est encore trop marqu e par des mill naires de patriarcat, o la

sexualit des femmes tait ni e face la libido d bordante des hommes. Les

victimes qui osent parler (rappelons que seules 10% portent plainte) racontent

comment l'entourage a tendance minimiser l'acte selon les circonstances.

Comme s'il y avait des vrais et des faux viols. Encore un pr jug . Dans

huit cas sur dix, la victime conna t le violeur, c'est une personne de son

entourage.

Que r clamez-vous ?

Il faut que le d bat soit port sur la place publique pour que les pouvoirs

publics se saisissent enfin du probl me, en mettant le paquet sur l' ducation

et la pr vention. C'est le seul moyen de faire voluer les mentalit s. On le

voit bien par exemple dans les actions de s curit routi re ou de protection de

l'environnement. En parall le, il faut renforcer la prise en charge des

victimes, notamment sur l'accueil et l' coute. Il existe un num ro vert,

gratuit : le 0800 05 95 95, g r par le Collectif f ministe contre le viol.

Le viol est-il suffisamment puni ?

On ne remet pas en cause la loi, sauf qu'elle n'est pas assez appliqu e. Selon

le code p nal, un viol est tout acte de p n tration, par un organe ou un

objet, commis sur la personne d'autrui, par violence, contrainte, menace ou

surprise . C'est un crime au sens du droit, qui devrait donc tre jug devant

une cour d'assises. Or, pour de pr tendues questions d'efficacit , il est

souvent correctionnalis ... Sauf qu'un proc s devant un tribunal correctionnel

n'a pas du tout la m me force id ologiquement qu'en assises. En plus, les d

bats sont souvent b cl s en une vingtaine de minutes. Ce n'est pas acceptable.

Quant au nombre de condamnations, il ne repr sente que 2% des 75.000 viols

estim s par l'Observatoire de la d linquance. On ne peut que recommander la

police de mener une enqu te syst matique quand une plainte est d pos e.

Le corps des femmes n'est pas en libre-service

Le corps des femmes est-il en libre service ? Il semblerait que beaucoup

d'hommes, en France, consid rent que c'est le cas, puisque, chaque ann e, plus

de 198 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol, selon

l'Observatoire national de la d linquance.

Selon les repr sentations courantes, le viol est le fait de psychopathes qui

s'attaquent des inconnues dans des endroits isol s. En fait, dans la plupart

des cas, les femmes viol es connaissent leur agresseur : mari ou compagnon,

coll gue, voisin Les violeurs sont des hommes ordinaires. Cela n'a rien de

surprenant, puisque la croyance qu'il existerait des "pulsions sexuelles irr

pressibles" des hommes mais pas des femmes reste extr mement r pandue ; le

viol serait en partie excusable, quand, soi-disant, "on ne peut pas se

retenir".

En r alit , le viol n'a rien voir avec la biologie : il est inscrit dans une

conception culturelle et construite de la sexualit h t rosexuelle. Malgr l'

mancipation des femmes durant ces quarante derni res ann es (notamment gr ce

la contraception et l'avortement), la sexualit h t rosexuelle continue

tre imagin e et v cue de mani re profond ment in galitaire : elle est cens e

tourner autour du d sir et du plaisir masculins, et le d sir et le plaisir f

minins ne sont que secondaires la cerise sur le g teau en quelque sorte.

Ainsi, un rapport sexuel sans p n tration ne sera souvent pas consid r comme

un v ritable rapport sexuel, mais un rapport sexuel sans orgasme f minin, si.

Toutes nos repr sentations collectives v hiculent l'id e qu'un homme doit

"conqu rir" sa partenaire ; il est le chasseur et elle est la proie. Combien de

films, de livres, mettent en sc ne cette r partition traditionnelle des r les :

d s le plus jeune ge, on donne pour mod le du couple La Belle au bois dormant

la princesse attend passivement, tandis que le prince pourfend, combat,

enfonce la porte. Qui n'a en m moire des sc nes de films o le h ros force l'h

ro ne l'embrasser, voire plus et finalement elle est ravie. Sans parler de

la publicit et de ses st r otypes

Le d sir et la parole des femmes doivent avoir la m me place, la m me valeur

que ceux des hommes. "Quand je dis non, c'est non" : un principe tout simple

qui doit enfin tre respect !

Pour que la honte ne p se plus sur les victimes mais bien sur les violeurs,

pour que chacune et chacun prenne conscience que le viol est un comportement

criminel qui s'ancre dans la domination masculine persistante de nos soci t s,

Mix-Cit , Osez le f minisme et le Collectif f ministe contre le viol lancent

une p tition. Tous et toutes, nous pouvons d cider de choisir un autre type de

relations femmes-hommes.

B atrice Gamba, Mix-Cit , Caroline De Haas, Osez le f minisme !, Emmanuelle

Piet, Collectif f ministe contre le viol