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En Europe, la prolif ration du sanglier devient incontr lable

LEMONDE | 15.09.10 | 15h06 Mis jour le 15.09.10 | 17h56

Cerfs, chevreuils, li vres, faisans : petit ou grand, le gibier ne manquera pas

pour la saison de chasse 2010-2011, qui a ouvert dimanche 12 septembre dans une

quarantaine de d partements au sud de la Loire. Mais aucune esp ce, cette ann e

encore, n' galera le sanglier par son abondance. En d pit du Plan national de

ma trise du sanglier, lanc en 2009 par le ministre de l' cologie Jean-Louis

Borloo, malgr une mortalit due la chasse, multipli e par dix en trente ans

(plus de 560 000 animaux abattus en 2009), la b te noire poursuit

inexorablement son expansion d mographique.

Et pas qu'en France ! En Allemagne, en Italie, dans presque toute l'Europe en

fait, ses effectifs ont connu ces derni res d cennies une croissance

spectaculaire. Au point de poser quantit de probl mes : d g ts caus s aux

cultures, qui exacerbent les tensions entre agriculteurs et f d rations de

chasseurs ; accidents de la route (20 879 collisions avec un v hicule enregistr

es en France en 2009) ; risques paranucl aires - pr s de vingt-cinq ans apr s

la catastrophe de Tchernobyl, les sangliers allemands continuent de se nourrir

de champignons, de truffes et de baies sauvages contamin s par du c sium -, et

plus encore sanitaires, l'esp ce constituant un r servoir pour plusieurs

maladies infectieuses ou parasitaires...

D'o la n cessit , soulign e par un nombre croissant d'experts, d'am liorer la

gestion des populations de cet ongul , devenues incontr lables dans plusieurs r

gions. Comment ? En prenant mieux en compte les raisons de ce succ s d

mographique. Omnivore, opportuniste et tr s mobile (il parcourt de 2 15 km

par jour), le sanglier est dot d'une prolificit exceptionnelle, qui brouille

les strat gies de r gulation cyn g tique adopt es pour le cerf, le chevreuil ou

le chamois.

"Dans des conditions environnementales favorables, les laies peuvent mettre bas

d s l' ge de 1 an, alors que ce n'est jamais avant 2 ans chez les autres ongul

s. Et elles ont tous les ans des port es de cinq marcassins en moyenne, quand

les autres esp ces produisent majoritairement un seul jeune", pr cise Eric

Baubet, chef de projet pour les tudes sur le sanglier l'Office national de

la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

"Les femelles semblent se reproduire de plus en plus jeunes, et le sch ma

classique de la chronologie de la reproduction, qui pr voit un arr t estival de

celle-ci, est souvent battu en br che", ajoute Fran ois Klein, coordinateur des

recherches sur les cervid s et le sanglier l'ONCFS. R ponse au r chauffement

climatique ? A la modification des pratiques culturales ? Effet d'une "d

structuration sociale" li e un d ficit de m les adultes ?

Quoi qu'il en soit, cette plus grande pr cocit reproductive doit tre prise en

compte dans les consignes de pr l vements donn es aux chasseurs. Comme doit

tre favoris e la mise au point d'outils permettant de suivre la dynamique de

l'esp ce. A l'instar du mod le d mographique tabli par les chercheurs de

l'ONCFS, fond sur la r partition par sexe et par poids des populations.

"Appliqu l' chelle du d partement du Doubs, ce mod le a permis de mieux

comprendre les variations d'effectifs observ es en fonction des diff rentes r

gles de tirs", illustre M. Baubet. Et de constater, par exemple, que "lorsque

le nombre de sangliers est en augmentation, la consigne donn e pendant des ann

es aux chasseurs, de ne pr lever que les petites femelles en pargnant les

adultes reproductrices, ne suffit pas stabiliser la population."

Reste qu'aucune r gle de gestion, sur le terrain, ne marche tous les coups.

D'une part parce que les conditions de tirs (nombre de chasseurs, dur e de la p

riode de chasse...) diff rent d'une zone l'autre. D'autre part et surtout,

parce que les sangliers investissent sans cesse, et avec efficacit , de

nouveaux territoires auxquels les chasseurs n'ont pas acc s.

R serves naturelles, terrains militaires, noeuds d'autoroute ou zones p

riurbaines : espaces de tranquillit pour l'animal, ces lieux constituent

autant de "points noirs" pour les gestionnaires, ainsi que le fait appara tre

la premi re phase du plan Borloo, en cours d'ach vement. Consacr e dresser un

tableau des objectifs atteindre dans chaque d partement, celle-ci met en lumi

re des situations contrast es, avec des zones tr s cibl es sur lesquelles se

concentrent les difficult s. En ce qui concerne les cultures, seulement 3,5 %

des communes (situ es pour l'essentiel en r gions Centre et Poitou-Charentes)

cumulent ainsi 50 % des d g ts.

Catherine Vincent