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Boissons sucr es, consommer avec mod ration

LEMONDE | 26.04.10 | 17h08 Mis jour le 27.04.10 | 07h06

Les jeunes boivent de plus en plus de boissons sucr es. Les chiffres, en

augmentation constante en France, font appara tre que 40 % des 18-25 ans ont

consomm la veille au moins une boisson rafra chissante sans alcool (limonade,

soda, boisson aux fruits). Pr s de 30 % des 26-34 ans ont fait de m me, selon

le dernier barom tre sant nutrition de l'Institut national de pr vention et d'

ducation pour la sant (Inpes) publi en d but d'ann e. Dans la population g n

rale, la consommation est galement la hausse. Les seules ventes de jus de

fruits en magasins ont progress de 3,63 % en volume en 2009 selon

l'interprofession des fabricants de jus de fruits (Unijus).

"L'eau reste la premi re boisson en France, toutes g n rations confondues",

temp re Pascale H bel, directrice du d partement consommation du Centre de

recherche pour l' tude et l'observation des conditions de vie (Credoc).

Par ailleurs, la France est, avec 60 litres de boissons sucr es par an et par

habitant, loin derri re l'Allemagne - premier pays d'Europe avec 130 litres -

et les Etats-Unis, 190 litres, o la consommation de sodas a t multipli e par

trois en vingt ans selon l'acad mie am ricaine de p diatrie.

M me si la France n'a pas rattrap ses voisins proches ou lointains, cette

tendance inqui te les professionnels de la sant . Nombre d' tudes font le lien

entre la consommation de boissons sucr es et le risque d'ob sit , de maladies

cardio-vasculaires et de diab te. Y compris les jus de fruits, consid r s comme

"bons pour la sant " alors qu'ils contiennent beaucoup de sucre.

"La litt rature scientifique prouve que les boissons sucr es ont un faible

pouvoir rassasiant. Le lien entre les boissons sucr es et l'augmentation des

risques de syndrome m tabolique [signes physiologiques qui augmentent le risque

de diab te de type 2 et de maladies cardiaques] est tabli", indique

Jean-Pierre Despr s, chercheur l'Institut universitaire de cardiologie et de

pneumologie de l'h pital Laval de Qu bec.

"Il est clairement d montr que les exc s de consommation de fructose font

monter le taux de triglyc rides sanguins pour les personnes sensibles,

contrairement aux fruits frais qui ont un faible taux de fructose et qui

apportent de multiples vitamines, confirme le docteur Laurent Chevallier, m

decin nutritionniste. Lorsque ce taux augmente, cette hausse constitue un

facteur de risques cardio-vasculaires." Une tude men e pendant un an dans des

tablissements scolaires de Grande-Bretagne a montr que la diminution de la

consommation de boissons sucr es et de jus de fruits permettait de stabiliser

la pr valence de l'ob sit chez les 7-10 ans, tandis qu'elle continuait

augmenter dans les coles o rien n' tait fait.

Le seul fait de remplacer les boissons sucr es par de l'eau permettrait de r

duire significativement (235 calories) l'apport calorique chez les enfants am

ricains, a r v l une autre tude, publi e en 2009 dans la revue Archives of

Pediatrics & Adolescent Medicine.

"Le probl me n'est pas la consommation occasionnelle de ces boissons, c'est

celui de la consommation chronique", pointe Jacques Delarue, professeur de

nutrition au CHU de Brest. "Le mod le am ricain d'addiction aux boissons sucr

es menace un certain nombre d'enfants des pays riches", pr vient le m decin.

Autre l ment, "toutes ces boissons favorisent la confusion entre le boire et

le manger, ce qui peut induire une alt ration du comportement alimentaire et

majorer les probl mes de surpoids", insiste Laurent Chevallier.

De nombreux m decins conseillent par cons quent de limiter cette consommation.

L'Organisation mondiale de la sant (OMS) pr conise de limiter l'apport des

boissons sucr es 10 % de l' nergie consomm e. L'Association am ricaine du

coeur (AHA) pointe du doigt le march national des sodas, estim 115

milliards de dollars, premi re source de sucre ajout selon elle.

La solution serait de r server les boissons sucr es aux moments festifs et de

ne boire que de l'eau pendant les repas, quelques exceptions pr s. "Sauf pour

les adolescents en surpoids, les boissons rafra chissantes sont une boisson

plaisir dont il ne faut pas les priver, du moment qu'elle n'est pas consomm e

de fa on excessive", commente Pascale Moda , m decin nutritionniste. Quant aux

jus de fruits, pourquoi ne pas les presser soi-m me, quitte rajouter un peu

de sucre, pr conisent les m decins.

Les fabricants de sodas et de jus de fruits mart lent pour leur part que la

consommation de leurs produits n'a pas de lien direct avec l'ob sit . "Les

boissons rafra chissantes sans alcool ne repr sentent, en moyenne, que 2,2 %

des apports caloriques, et ces derniers n'ont pas progress depuis quinze ans",

soutient Coca-Cola France. Les multinationales rappellent qu'elles ont baiss

la teneur en sucre de leurs produits ces derni res ann es. M me discours chez

Unijus qui s'est engag , d'ici 2012, diminuer la quantit de sucres ajout s

de 5 % dans les nectars et n'ajouter aucun sucre dans les jus de fruits.

Unijus assure qu'un verre de 200 ml quotidien r pond aux recommandations de

consommer 5 fruits et l gumes par jour. Oubliant un peu vite que jus de fruits

et fruits frais n'ont pas les m mes vertus.

Pascale Santi