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LEMONDE | 20.04.10 | 16h45 Mis jour le 21.04.10 | 09h30
Les allergies crois es toucheraient pr s de 2 % de la population fran aise.
L'association pollens et fruits ou l gumes est la plus commune, par exemple
l'allergie aux pollens de bouleau, noisetier, peut ressurgir lorsque la
personne mange des pommes, poires, fruits rouges, noisettes, cacahu tes,
amandes, kiwis... L'allergie aux pollens d'ambroisie (une plante sauvage)
s'accompagne parfois d'une allergie au c leri et certaines pices. Pr s d'un
tiers des victimes d'allergies aux pollens connaissent les m mes d sagr ments
face certains fruits. De m me, un allergique aux acariens peut l' tre aussi
aux escargots. Les allergies alimentaires concernent souvent plusieurs
aliments. L'existence de structures mol culaires communes expliquerait ces
allergies crois es entre des plantes, des aliments, le latex qui sert
fabriquer le caoutchouc, des animaux, des m dicaments.
Eternuements, nez qui coule, yeux qui piquent, urticaires... pour des milliers
de Fran ais, l'arriv e du printemps n'est pas qu'une bonne nouvelle. Environ 25
% de la population est allergique, contre 4 % il y a quarante ans, soit 18
millions de personnes, dont 12 millions de rhinites allergiques et 3 millions
d'asthmatiques. Un Fran ais sur deux pourrait tre touch en 2015, selon
l'Association de recherche clinique en allergologie et asthmologie (Arcaa).
L'allergie, class e par l'Organisation mondiale de la sant (OMS) au quatri me
rang des maladies chroniques, a doubl en vingt ans.
Les allergies crois es ne cessent d'augmenter
Comment expliquer cette hausse ? Principaux facteurs explicatifs,
l'environnement ext rieur, notamment la pollution atmosph rique, le mode de
vie, avec des appartements plus confin s, le tabac, les acariens, les compos s
organiques volatiles (COV), substances chimiques pr sentes dans les peintures,
meubles, etc.
Les allergies alimentaires progressent elles aussi. Elles touchent 6 % des
enfants de moins de 15 ans, entre 2 % et 3 % de la population g n rale. Les
sympt mes sont vari s : troubles digestifs, cutan s (urticaire, oed me de
Quincke, ecz ma), respiratoires (rhinites, asthme), jusqu'au choc
anaphylactique (qui peut entra ner la mort). "Les formes s v res sont en
augmentation", explique le pneumologue Fr d ric de Blay, pr sident de la Soci t
fran aise d'allergologie (SFA). Certes, la plupart des allergies sont l g
res, mais on compte 2 000 morts par asthme tous les ans, rappelle
l'allergologue Isabelle Boss , pr sidente du Syndicat fran ais des
allergologues (Syfal) et de l'Arcaa.
La croissance des allergies alimentaires trouve ses causes dans "la grande
diversification des aliments et leur industrialisation qui ont augment la pr
sence d'additifs", selon l'allergologue Dominique Ch teau-Waquet, auteur de Et
si c' tait une allergie (Presses du Ch telet). Certains avancent aussi une
diversification trop pr coce de l'alimentation des b b s. "Les gens vivent dans
un environnement de plus en plus propre et d sinfect . Du coup, on n'a plus de
parasitose, c'est une hypoth se", avance Jean-Pol Dumur, allergologue
Aix-en-Provence.
Beaucoup d'allergiques s'ignorent : une personne sur trois ne serait pas soign
e. On peut le devenir tout ge. "Le message faire passer est qu' partir du
moment o l'allergie est tellement pr sente qu'elle est une g ne, il faut
consulter un allergologue et se faire d pister", pr vient Isabelle Boss .
D'autant plus qu'une rhinite allergique s v re peut alt rer la qualit de vie :
difficult s se concentrer, fatigue, irritabilit , etc.
Il faut faire un bilan allergologique : le sp cialiste doit d terminer les ant
c dents - un enfant qui na t de deux parents allergiques a 80 % de risques de
l' tre lui-m me -, l'environnement, les sympt mes, les circonstances qui les d
clenchent. Une fois pass cet entretien, les tests cutan s et biologiques sont
pratiqu s. "Il est important d' tre pr cis, il faut tre s r, surtout chez les
enfants", insiste Fr d ric de Blay. Une fois l'allerg ne identifi , il faut
ensuite essayer de l' vincer.
Une grande partie des allergies alimentaires chez l'enfant cesse avec l' ge. En
revanche, "seulement 20 % des allergies aux arachides disparaissent", selon le
docteur Dumur. Les m dicaments antiallergiques (antihistaminiques) ne sont pas
toujours suffisants. Il vaut mieux viter l'autom dication, et, pour les
allergies respiratoires, consulter une fois par an, si possible avant l'arriv e
des pollens. Le seul traitement sp cifique consiste effectuer une d
sensibilisation, qui ne peut toutefois tre pratiqu e sur tous les allerg nes,
comme les aliments par exemple. "La d sensibilisation consiste administrer de
petites doses d'allerg nes, progressivement croissantes, pour induire une tol
rance. Le traitement peut tre pratiqu par injections hebdomadaires, puis
mensuelles, mais on utilise de plus en plus les gouttes sublinguales
quotidiennes. Le traitement doit durer environ trois ans", explique le docteur
Sophie Silcret-Grieu, allergologue.
Son effet dure en g n ral plusieurs ann es. Il varie selon les personnes, en
fonction de l'environnement mais aussi des caract ristiques immunitaires
individuelles. "Tous les allergiques ne m ritent toutefois pas une d
sensibilisation", indique le docteur Boss .
Point pr occupant, il y a de moins en moins d'allergologues en France : 550
exclusifs et 2 200 pneumologues, dermatologues... qui font aussi de
l'allergologie. "Les actes devraient tre mieux r mun r s", estiment plusieurs
m decins.