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Danemark . La bataille de la drogue prend un tournant racial.
Des fleurs, quelques bougies et des lettres de condol ances ont t d pos es
dans les jardini res, devant le Caf V ren. L' tablissement, situ au
rez-de-chauss e d'un petit immeuble de briques jaunes, dans le quartier r
sidentiel d'Amager, dans le sud de Copenhague, est ferm jusqu' nouvel ordre.
Dans la nuit de dimanche lundi, il y a une semaine, deux hommes arm s,
d'origine trang re, sont entr s dans le bar peu apr s minuit. Ils ont d'abord
demand aux clients s'ils appartenaient au AK81, un groupe de soutien des Hells
Angels. Puis, ils se sont mis tirer. Bilan : un mort et trois bless s. Trois
jours plus t t, un Irakien de 25 ans avait t abattu dans sa voiture, dans le
quartier de N rrebro. Le lendemain, c' tait un Danois des les F ro qui y
avait t gri vement bless . Selon la police, aucune des victimes n'avait de
relation avec les bandes rivales qui s'affrontent depuis sept mois dans la
capitale danoise. Mais toutes ont fait les frais de la guerre des gangs qui a
entra n jusqu'ici la mort de trois personnes et fait plusieurs dizaines de
bless s, au cours d'une cinquantaine de fusillades.
Repr sailles. La violence aurait atteint un tel niveau que les stocks de la
banque du sang de l'h pital de Copenhague seraient proches de l' puisement,
selon le quotidien Jyllands-Posten. Le conflit a d but avec la mort d'un jeune
de 19 ans, d'origine turque, abattu le 14 ao t devant une pizzeria. Un membre
d'AK81 a t interpell , avant d' tre rel ch , faute de preuves. C'est une
guerre qui a commenc pour le contr le du march de la drogue Copenhague et
le partage du territoire, mais nous sommes d sormais dans une logique de repr
sailles , explique Henrik Svindt, chef de l'unit sp ciale de la police, charg
de la lutte contre la criminalit des bandes. Les affrontements opposent des
groupes de motards li s aux Hells Angels plusieurs bandes de jeunes d
linquants d'origine trang re , comme les Black Cobra ou Bl g rds Plads
Gruppen.
Pour les Danois, le conflit n'est pas sans rappeler celui qui avait oppos les
Hells Angels aux Bandidos, au milieu des ann es 90, faisant une dizaine de
morts. Les deux bandes de motards en taient sorties affaiblies, laissant la
voie libre de nouveaux groupes. Le d mant lement de Pusher Street, dans le
quartier de Christiania, o la vente de cannabis tait plus ou moins tol r e
par les autorit s, a mis le feu aux poudres, selon Mikkel Warming, adjoint au
maire en charge des Affaires sociales. La vente de drogue n'a pas diminu ,
mais elle s'est propag e dans toute la ville , constate-t-il.
A N rrebro, un quartier forte concentration d'immigr s, o la plupart des
coups de feu ont t tir s, les gens ont peur de sortir dans la rue , confie
Khalid Alsubeihi, de l'association Norrbronx. En fin d'apr s-midi, les caf s de
Bl g rds Plads, au centre du quartier, restent moiti vides. Une affiche sur
la porte de la biblioth que informe les visiteurs que l'endroit ne sera plus
ouvert le week-end et fermera 18 heures en semaine, en raison des fusillades
et de l'ins curit . Plusieurs cr ches ont demand tre quip es de fen tres
blind es. Vendredi, 300 personnes sont descendues dans la rue, exigeant le
droit une enfance s re . D sormais, la priorit est de dissuader les
habitants de N rrebro de d m nager hors du quartier.
Recrues. Le conflit est en train de prendre une nouvelle dimension. A force de
parler de l'origine des membres des bandes, la guerre a pris un tournant racial
, observe Jacques Royal, qui travaille avec les ex-membres des gangs. Sur le
site web des Hells Angels, les messages appellent lib rer le Danemark . Des
deux c t s, les recrues affluent, pr tes en d coudre. La police parle de 700
personnes chez les motards et 300 en face. Khalid Alsubeihi craint que ce ne
soit qu'un d but : Les jeunes trouvent que ce qui se passe est cool. a
ressemble aux films am ricains. Ils veulent en faire partie. Selon T ger
Seidenfaden, r dacteur en chef du quotidien Politiken, la coalition lib rale,
qui gouverne avec le soutien de l'extr me droite, a sa part de responsabilit .
Jeudi, le ministre de la Justice, Brian Mikkelsen, a annonc une s rie de
mesures extraordinaires , destin es enrayer la violence, parmi lesquelles
l'expulsion des membres des gangs d'origine trang re condamn s de la prison.
Non seulement cette mesure ne concerne qu'une minorit d'entre eux et sera
inefficace , remarque T ger Seidenfaden, mais c'est comme si on disait qu'on
tait pour les Blancs et contre les Noirs. L'extr me droite applaudit.