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Le mardi 26 octobre, vers 16 heures, je décide de m’interrompre dans mon télétravail et de préparer une soupe. Je découpe un oignon, un poireau, une pomme de terre, tout en écoutant une émission de radio.
Le couteau que j’utilise, je l’ai acheté voici quelques jours ; sa lame est si affûtée que j’éprouve un plaisir certain à manier l’outil – je tranche fibres et pulpe avec une stupéfiante économie de forces.
Mes pensées se mettent à vagabonder, et tout à coup, alors que j’entame la découpe d’un potimarron, la lame dérape et vient m’entailler la main gauche, longuement, en cette partie charnue – on dirait presque une cuisse de poulet – où le pouce prend naissance.
Je passe une dizaine de minutes à soigner la blessure, achève de tailler mon légume et me remets au travail.
En fin de journée, je me rends à la pharmacie, où j’achète du désinfectant et des compresses. Une fois sorti, je me rappelle que j’avais conçu le vague projet de faire une course dans un magasin de bricolage, qui ferme à 20h – j’ai tout juste le temps d’y aller.
Me voilà donc à retraverser la ville dans l’autre sens, puis à longer, dans la nuit, les voies du nouveau tram. Une demi-heure plus tard, je déambule dans un vaste hangar, plein d’outils, de quincaillerie, de matériaux. L’endroit – et je m’en étonne – est désert.
Je trouve l’établi pliant bas de gamme que j’étais venu chercher et rentre chez moi, portant mes six kilos de marchandise à travers la banlieue. Cette manutention, on s’en doute, provoquera une nouvelle hémorragie au pouce gauche, et je serai dans l'incapacité de faire ma vaisselle ce soir-là .
(Au jour où je publie ces lignes, le gros de la cicatrisation est achevé.)