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Mis jour le 23/01/2013 | 18:51 , publi le 23/01/2013 | 18:51
Dans le jargon, on appelle cela le "brexit". Une contraction de "Britain", pour
Grande-Bretagne, et de "exit", pour sortie. Le sc nario d un d part du
Royaume-Uni de l Union europ enne fait fr mir. David Cameron en a clairement
brandi la menace, mercredi 23 janvier, en proposant un r f rendum sur la
question afin de motiver l Europe se r former. Le climat, de plus en plus
eurosceptique outre-Manche, inqui te quant son issue. Que changerait ce d
part ? El ments de r ponse.
1Une sortie d'abord difficile r aliser
La menace se fait de plus en plus pressante, mais le Royaume-Uni peut-il
vraiment sortir de l'Union europ enne ? En th orie, oui. Comme le rappelle
Slate.fr, l'article 50 du trait de Lisbonne de 2009 autorise n'importe quel
Etat membre "d cider conform ment ses r gles constitutionnelles de se
retirer de l'Union". Mais le document ne pr cise pas les conditions de ce d
part. Les n gociations seraient donc interminables, pr cise le site.
Pour viter les d convenues, Londres pourrait chercher n gocier un statut
part, l'image de la Norv ge ou de la Suisse, note Le Monde.fr (article abonn
s). Mais le Royaume-Uni, ternel poil gratter de l'UE, risque d essuyer un
refus de ses partenaires chaud s, notamment de la France et de l'Allemagne.
2Un pari double tranchant pour Londres
Des b n fices quasi imm diats Sortir de l'Union europ enne aurait de prime
abord des cons quences b n fiques pour le Royaume-Uni. Il arr terait ainsi de
prendre part la politique agricole commune, qu'il d teste, et se lib rerait
des r gles impos es par Bruxelles, notamment en mati re de p che et de temps de
travail. Le Figaro cite ainsi une d put e conservatrice pour laquelle la
semaine de 48 heures est "responsable de la mort de patients dans les h
pitaux". Surtout, le Royaume-Uni verrait dispara tre la facture sal e de sa
contribution annuelle au budget europ en, soit huit milliards d'euros.
Une perte de noblesse pour la City Mais le Royaume-Uni essuyerait toutefois la
contrepartie de ce d part. La City, surtout, paierait un lourd tribut, alors
que la finance repr sente pr s de 10% du PIB britannique. Le Figaro pr dit que
"la plupart des banques am ricaines implant es Londres" chercheraient "
s'implanter ailleurs". La plateforme financi re se verrait toujours soumise aux
r glementations europ ennes, mais sans avoir son mot dire.
Un impact sur le commerce En outre, le Royaume-Uni devra "ren gocier des
douzaines d accords commerciaux bilat raux", et ce "en position affaiblie",
explique The Economist (en anglais). Sans compter que les produits anglais
devront se soumettre des droits de douane pour tre vendus en Europe. Selon
les calculs du quotidien britannique, le cheddar serait soumis 167 euros de
taxes pour 100 kilos.
Le sc nario d'un d part britannique inqui te en tout cas les investisseurs. Car
"nous avons l'avantage d' tre un pays plus business friendly que la France",
explique Iain Begg, professeur la London School of Economics, au Monde. En
cas de sortie de l'UE, Londres pourrait ainsi voir dispara tre nombre d'usines
trang res et donc d emplois. Le quotidien cite l'exemple du g ant de
l'automobile Toyota, qui pourrait bien d m nager si le Royaume-Uni ne jouait
plus son r le de porte d entr e en Europe pour le march asiatique.
3Un "coup dur" pour l'Union europ enne
L'int gration remise en cause Contact par francetv info, Fran ois Beaudonnet,
correspondant de France 2 Bruxelles, n'en fait pas myst re : la sortie du
Royaume-Uni de l'UE repr senterait un norme changement et une premi re pour
l'Europe. Celle-ci "sortirait affaiblie apr s ce coup tr s dur port la
construction europ enne". La r action de Guido Westerwelle, ministre allemand
des Affaires trang res, sous-entend la m me id e. Il estime que "face au d fi
de la mondialisation, nous, en tant qu'Europ ens, sommes tous dans le m me
bateau. Nous n'avons pas besoin de moins mais de plus d'int gration".
Une Europe d natur e "L'Union europ enne a besoin du Royaume-Uni", rench rit
Yves Bertoncini, directeur de l'institut Jacques Delors - Notre Europe et
interrog par RMC. "Cela contribue son dynamisme, surtout en mati re de
politique trang re et de d fense." Dominique Mo si, conseiller sp cial de
l'Institut fran ais des relations internationales, ne dit pas autre chose La
Croix (article abonn s) : "L'Europe a besoin de la tradition d mocratique du
Royaume-Uni, de son pragmatisme, de son influence mondiale, de son r le de pont
avec les Etats-Unis."
Perte d'un alli pour les Am ricains Washington ch rit bien trop son lien
symbolique et strat gique avec Londres pour le laisser s' vanouir. "Les
Etats-Unis per oivent la Grande-Bretagne comme l'endroit par lequel on peut
entrer en Europe, de la fa on la plus profitable", explique l historien et
sociologue britannique Theodore Zeldin, interview par Challenges.
Lors d'un r cent change t l phonique, le pr sident Obama a donc fait savoir
Cameron qu'il appr ciait "un Royaume-Uni fort, dans une Union europ enne
forte". Une fa on claire de le contraindre y rester pour faire affaire avec
une Europe " quilibr e". Washington "estime qu'elle ne le serait plus si le
Royaume-Uni partait", analyse Dominique Mo si. Pour lui, "le message am ricain
est aussi de dire aux Britanniques : 'la relation privil gi e entre Washington
et Londres n'existe plus'". En cas de d part, les Am ricains chercheraient donc
un nouvel alli . Berlin s'imposerait naturellement, pr dit Le Figaro.
Julie Rasplus