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La baisse de l'euro ne dope pas le commerce

D cryptage La monnaie europ enne a perdu pr s de 15% depuis un an. Une chute

qui ne fait pas encore sentir ses effets sur les exportations fran aises.

Par DOMINIQUE ALBERTINI

La r cession qui pointe l horizon n est pas la seule mauvaise nouvelle

conomique tomb e ce mercredi. Avec un d ficit commercial 6 milliards d euros

en juin, le commerce ext rieur souffre lui aussi, m me si, sur les douze

derniers mois, il s est r duit par rapport 2011.

Dans ce contexte, la baisse marqu e de l euro par rapport au dollar peut appara

tre comme une bonne nouvelle. En un an, la monnaie unique a perdu pr s de 15%

de sa valeur. Son niveau actuel, moins de 1,24 dollar, est l un des plus bas

atteints depuis 2005, et se rapproche de sa valeur d introduction, 1,17

dollar.

L'euro fort, un boulet ?

Cette baisse est l une des cons quences de la crise, qui affaiblit la confiance

dans l' conomie europ enne. Elle a toutefois pour cons quence de rendre les

produits libell s en euros moins chers pour des acheteurs ext rieurs.

De quoi r jouir ceux qui font de la sur valuation de la monnaie unique un

facteur du d clin productif fran ais. D s 2007, Nicolas Sarkozy, peine lu, d

non ait l euro fort. Dans son programme, Fran ois Hollande qualifie lui aussi

l euro de monnaie sur valu e . Des entreprises comme Airbus se sont d clar es

menac es par le niveaux lev de la devise europ enne. Au grand dam de la

Commission europ enne, qui conteste le lien entre euro fort et perte de comp

titivit . Qu'attendre, alors, de la baisse actuelle ?

Le creux de la vague

Elle aura des cons quences, mais celles-ci seront lentes se produire, estime

Henri Sterdyniak, conomiste l Observatoire fran ais des conjonctures

conomiques (OFCE). On consid re qu il faut environ dix-huit mois pour sentir

les effets favorables d une d valuation sur la comp titivit . Dans un premier

temps, il faut subir le rench rissement des importations, notamment nerg

tiques. En effet, un euro moins fort rench rit imm diatement le prix du p

trole, exprim en dollars. Tandis qu un d lai est n cessaire pour que joue l

effet de substitution par lequel les acheteurs trangers se tournent vers les

produits europ ens, devenus meilleur march .

Autre explication : la structure du commerce ext rieur fran ais. Ce dernier se

fait 55% envers d autres pays de la zone euro. Ceux-ci tant affect s par les

m mes variations mon taires, les prix relatifs ne changent pas. Par ailleurs,

dans cette zone, la France entretient des relations privil gi es avec des pays

du Sud tels que l'Espagne, l'Italie ou la Gr ce. Elle p tit donc indirectement

des plans d'aust rit qui y sont mis en place, r duisant la demande locale.

Un levier parmi d'autres

Il faudra donc attendre encore quelques mois avant de constater les ventuels

effets de la baisse de l'euro - si elle se poursuit - sur les exportations fran

aises. Et encore faudra-t-il, pour cela, que la crise n'entra ne pas un

effondrement de la demande ext rieure.

Un autre moyen de r soudre la sur valuation de l'euro serait de faire avancer

le dossier du yuan, la monnaie chinoise, dont le cours, contr l de pr s par P

kin, demeure largement sous- valu . Au niveau national, enfin, le taux de

l'euro n'est pas le seul levier de comp titivit , ni sans doute le principal :

le co t du travail et l'innovation semblent encore plus strat giques, et seront

au centre des n gociations venir.

Si nos produits taient de telle qualit que les autres pays soient "oblig s"

de les acheter, la question de l'euro serait secondaire, reconna t Henri

Sterdyniak. On n'a pas r ussi promouvoir le made in France comme un objet de

d sir. Une strat gie qui, associ e la compression des salaires, permet

l'Allemagne de partager la monnaie de ses voisins, mais pas leurs soucis de

balance commerciale.