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recueilli par Dominique Albertini
Les repr sentants syndicaux CFE-CGC et Unsa des op rateurs mobiles historiques
(Orange, SFR, Bouygues) ont saisi l'autorit de r gulation des t l coms (Arcep)
d'une demande d'enqu te sur le r seau de Free. Les explications de S bastien
Crozier (photo DR), pr sident de CFE-CGC-Unsa et directeur de la strat gie et
de l'innovation chez France T l com-Orange.
Pourquoi demander l'ouverture d'une enqu te sur le r seau de Free ?
Au nom de la concurrence n olib rale, on a introduit un quatri me op rateur sur
un marchepied. On lui a offert un accord d'itin rance avec Orange [qui prend en
charge la majorit des appels des clients de Free, ndlr], et il b n ficie d'une
subvention de 5 euros par mois et par abonn de la part de SFR, Orange et
Bouygues. Le probl me, c'est le risque de destruction d'emplois cause de cet
op rateur low-cost, qui n'a presque pas de boutiques et de centres d'appels en
France. Free tait cens couvrir 27% du territoire par ses propres moyens, nous
soup onnons qu'il n'y ait pas mis les moyens n cessaires.
Qu'est-ce qui vous le fait penser ?
Il suffit de s'abonner chez Free et de chercher le r seau : il n'y en a nulle
part dans les zones denses. Les sites sp cialis s r v lent que la couverture
est bien faible. Et, quand on mesure le signal, il est si affaibli que
l'appareil bascule souvent sur le r seau Orange. Ce n'est pas possible que Free
applique la strat gie du coucou, en vivant sur ce que d'autres ont construit.
Nous demandons donc l'Arcep d'ouvrir une enqu te pour v rifier l' tat du r
seau de Free.
Quelles sanctions pourraient tre prises contre le nouvel op rateur ?
L'Arcep pourrait remettre en question certains de ses privil ges, imposer des
sanctions financi res et des obligations d'investissement.
Pourquoi est-ce vous, syndicat, qui prenez cette initiative, et pas les op
rateurs eux-m mes ?
On ne sait pas, on reste muet devant cette inaction. C'est se demander si ces
gens savent faire leur travail.
Vous agissez au nom de la d fense de l'emploi fran ais ?
Exactement : l'hyperconcurrence associ e au consum risme provoque les d
localisations et l'appauvrissement. On affaiblit la France. Certes, Free est
moins cher. Mais soyons s rieux : sur un abonnement 40 euros, la marge d'un
op rateur traditionnel est de 3,20 euros. En dessous, la diff rence s'obtient
par destruction des investissements. Le r sultat de la strat gie de Free, c'est
que plus personne n'investira. Le consommateur aura l'impression d'y gagner,
mais finalement c'est lui qui paiera les probl mes d'emploi.
Ne craignez-vous pas que cette initiative soit confondue avec la contre-attaque
commerciale des grands op rateurs contre Free ?
Etre assimil s des sous-marins alors que nous avons t en lutte violente
avec Didier Lombard [ex-pr sident de France T l com, ndlr], que nous sommes en
pleine crise sociale, que tous connaissent notre ind pendance... Il se peut
certes que nos pr occupations convergent avec celles de la direction, pour des
motifs diff rents. Mais eux veulent prot ger les actionnaires, et nous les
emplois.
Des menaces pr cises p sent-elles sur ceux-ci ?
Nous avons chip des documents voquant la supression de 10 000 12 000
emplois, dans un d lai de dix-huit vingt-quatre mois, si la situation reste
en l' tat.
Chez Free, que pensent vos coll gues syndicalistes de votre initiative ?
Je vous laisse les appeler. Mais il faut arr ter d' tre dans une logique
corporatiste et penser l'emploi de mani re globale. Que pensent tous les
licenci s conomiques cause des d localisations qui ont pr c d l'arriv e de
Free ?