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Le sort de l'Irlande peine scell , les observateurs de la zone euro ont tourn
les yeux vers le Sud. Le Portugal est d sign comme le successeur le plus
probable de l'Eire dans la liste des b n ficiaires d'un plan de soutien europ
en. Ses faiblesses sont pourtant bien diff rentes de celles qui ont mis le
Tigre celtique terre. Le Portugal est victime d'une mauvaise gestion des
comptes publics et d'une croissance en berne, une situation qui se rapproche
plut t du cas grec.
UNE CONOMIE QUI MANQUE DE DYNAMISME
Comme l'explique C line Antonin, conomiste l'Observatoire fran ais des
conjonctures conomiques (OFCE), le Portugal et la Gr ce "ont en commun
d'importants probl mes structurels datant d'avant la crise : un fort
endettement des m nages le taux d' pargne au Portugal est le deuxi me plus
faible de la zone euro apr s la Gr ce , une baisse de comp titivit , une
stagnation de la consommation int rieure..." A ces difficult s s'ajoutent, pour
le Portugal en particulier, une croissance qui n'a jamais d coll : 1,3 % par
an entre 2000 et 2008, contre 3,9 % pour la Gr ce et 5 % pour l'Irlande.
Contrairement l'Irlande, qui a su attirer des industries de haute technologie
avec des moyens contest s une fiscalit sur les entreprises tr s basse,
parfois consid r e comme de la concurrence d loyale , l' conomie portugaise
repose sur des secteurs peu porteurs. Son industrie textile, notamment, a
beaucoup souffert de la concurrence asiatique. Le Portugal a vu ses
exportations chuter au cours des ann es, ce qui a pes sur sa croissance et sur
les efforts faits pour assainir ses finances publiques. Point positif : son
secteur bancaire n'est pas en difficult .
Le pays, accus comme la Gr ce d'avoir trop d pens ces derni res ann es pour
soutenir sa consommation int rieure, a fait preuve, sous la pression de
l'Europe, de bonne volont dans les ann es 2000 pour r duire son d ficit. Mais
ses efforts ont t handicap s par une croissance faible, et le d ficit
portugais reste un niveau tr s lev , 7,3 % du PIB en 2010.
DES COMPTES PUBLICS DANS LE ROUGE
Lorsque la crise est arriv e, le Portugal avait peu de marge de man uvre.
"Beaucoup de pays ont mis en place des politiques de relance. Au Portugal, la
relance a t tardive et limit e, car il tait difficile de creuser davantage
la dette," explique C line Antonin. Le PIB a recul de 2,5 % en 2009, plombant
encore la situation budg taire du pays.
Le gouvernement du socialiste Jos Socrates s'est engag ramener le d ficit
4,6 % du PIB l'an prochain, et ne m nage pas ses efforts pour rassurer les
march s. Il a d cid d but septembre des mesures de rigueur drastiques, qui
devraient tre d finitivement approuv es lors du vote du budget, vendredi 26
novembre.
L'attitude des autorit s portugaises est vue par ses partenaires comme un point
positif pour le pays. "Le Portugal ne montre pas de laxisme budg taire, il y a
au moins des signes de bonne volont , explique C line Antonin. L'objectif [de
la rigueur] est plus long terme, l'horizon 2013. Mais ces mesures
restrictives auront un prix pour la population..."
Une gr ve g n rale tait organis e au Portugal, mercredi 24 novembre, contre la
politique d'aust rit conomique.
Une gr ve g n rale tait organis e au Portugal, mercredi 24 novembre, contre la
politique d'aust rit conomique.REUTERS/JOSE MANUEL RIBEIRO
L'AUST RIT SANS CERTITUDE
Hausse de deux points de la TVA 23 %, gel des retraites, baisse des salaires
des fonctionnaires, plafonnement des aides sociales... Les mesures devraient
provoquer dans un premier temps, selon le gouvernement portugais, un
ralentissement de la croissance l'an prochain 0,2 % et une hausse du ch mage
pr vue 10,8 %
Malheureusement pour le gouvernement, qui s'est ali n une grande partie de la
population, il n'est pas certain que ces mesures impopulaires atteignent leur
objectif : rassurer les march s et viter un destin l'irlandaise. "Personne
ne prend de telles d cisions de gaiet de c ur", a r p t ces derni res
semaines le chef du gouvernement. Mais, a-t-il insist , "c'est la seule fa on
de prot ger le pays contre la turbulence des march s financiers".
"Sur le coup on pensait que a rassurerait les march s, mais a n'a pas
vraiment fonctionn , constate l' conomiste de l'OFCE. "Quand on regarde les
taux obligataires, on n'est pas tr s loin des taux irlandais." Le Portugal esp
rait que l'annonce officielle, dimanche, du plan de sauvetage Dublin allait
lui offrir un peu de r pit, en rassurant les march s sur d' ventuels risques de
contagion. La tendance observ e en d but de semaine tait plut t pessimiste
cet gard : le taux d'int r t 10 ans pour les bons du Tr sor portugais a
grimp lundi malgr l'accord de l'Irlande, et a encore augment mercredi, d
passant les 7 %.
Mercredi, les Portugais se sont massivement mobilis s l'appel des syndicats
pour protester contre l'aust rit , mais Jos Socrates, la t te d'un
gouvernement socialiste minoritaire, a annonc qu'il ne c derait pas. Esp rant
ne pas conna tre le m me sort que son homologue irlandais, qui fait les frais
du plan de sauvegarde, le premier ministre a r affirm mardi que "le budget qui
va tre approuv vendredi d fend l'emploi et l' conomie".
Marion Solletty