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Les grandes coles, chasse trop gard e

La signature d une Charte de l galit souligne la fracture qui s aggrave dans

l enseignement sup rieur avec les universit s de masse.

Pour un tranger, la r cente pol mique sur les 30% de boursiers dans les

grandes coles a d tre passablement illisible. Au m me titre que la la cit ,

le partage de l enseignement sup rieur entre de grandes universit s parfois d

labr es et des petites coles plut t prosp res, est une sp cificit nationale,

une bizarrerie qui fait un peu sourire. Pourtant c est bien ce syst me qui,

aujourd hui, fait d bat : depuis plusieurs ann es, il assure de moins en moins

bien la promotion sociale, tarde s ouvrir la diversit et produit des

lites tr s homog nes.

Symbole. Le gouvernement avance des chiffres magiques : 30 % de boursiers sont

d ores et d j inscrits en classes pr paratoires et autant se retrouveront dans

les grandes coles. C est Jacques Chirac, le premier, qui avait brandi ce taux

symbolique cens marquer le red marrage de l ascenseur social. Nicolas Sarzkoy

l a repris en fixant la date de 2010. Un pays qui ne forme ses lites que dans

environ 10% de la population [les couches les plus favoris es, ndlr] se prive

de l intelligence de 90 % de ses jeunes , r p te-t-il dans ses discours sur la

diversit , appelant aller chercher les talents l o ils se trouvent, y

compris dans les cit s.

En septembre, la ministre de l Enseignement sup rieur Val rie P cresse a cri

victoire: le seuil des 30 % a t atteint en classes pr pas avec un an d

avance, preuve que quand on veut, on peut Il faut toutefois relativiser. En

2008, une r forme des bourses a t mise en place et le plafond des revenus

familiaux y donnant droit a t relev , de fa on inclure la classe moyenne

modeste la limite des seuils sociaux et qui n avait jusque-l droit rien.

Un nouvel chelon z ro a t cr , qui n accorde pas d allocation mais

exempte des droits d inscription, et 50 000 nouveaux boursiers sont alors

apparus. M caniquement on a retrouv cette hausse dans les pr pas

Kyrielle. Mais les grandes coles recouvrent une r alit fort diverse. Une

dizaine de tr s prestigieuses - Polytechnique, Centrale, HEC, les coles

normales sup rieures - focalisent l attention. A c t , il y a une kyrielle d

coles plus ou moins r put es, dont certaines recrutent juste apr s le bac. D

ores et d j , plus de la moiti des l ves des coles d ing nieurs ne sont pas

pass s par les fameuses grandes pr pas : souvent publiques, elles ne sont pas

ch res et offrent des pr pas int gr es.

Le probl me de l ouverture sociale se pose essentiellement dans les tr s

grandes coles o les taux de boursiers - et encore ne sont-ils pas dans les

chelons les plus hauts - ne d passent pas les 10 15 %. Elles craignent de

perdre leur excellence si on les contraint s ouvrir trop vite. En m me temps,

ces tablissements semblent se satisfaire de cet entresoi - entre fils de

polytechniciens, fils d narques, etc. - et se consid rent comme les d fenseurs

de la m ritocratie r publicaine , fiers de leurs concours difficiles. Ils ont

en horreur le dispositif de Sciences Po qui a ouvert une voie d acc s aux lyc

ens de ZEP, avec laquelle le Pr sident leur fait la le on

Agacement. Les universitaires regardent ces gesticulations avec un brin d

agacement et d ironie. Eux qui accueillent tous les tudiants sans les choisir,

ne sont-ils pas les vrais acteurs de la d mocratisation ? Quelle est cette

politique qui dirige les l ves m ritants vers les formations d excellence ,

comprenez les pr pas, excluant les facs ? Pour les universit s, les armes ne

sont pas gales. Mais avec leur masse critique et l importance de leur

recherche, elles savent aussi qu elles sont incontournables. Et qu un jour,

elles pourront jouer de leurs atouts pour imposer des relations plus

galitaires et pourquoi pas rivaliser dans la formation des lites .