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LE MONDE | 28.12.09 | 14h47 Mis jour le 28.12.09 | 14h47
Laure Teuli res, 40 ans, n'a jamais eu de "r ve pavillonnaire". L'habitat id al
pour cette historienne, ma tre de conf rences l'universit de Toulouse II-Le
Mirail, rime plut t avec " cologie, solidarit , mixit sociale et g n
rationnelle".
Depuis 2007, avec une vingtaine de familles toulousaines, elle travaille deux
projets d'habitat group coop ratif. Le petit groupe, qui s'est constitu en
association, La Jeune Pousse, comprend des ch meurs, un ing nieur, un artisan
chauffagiste, une assistante sociale, des retrait s... tous unis par le m me d
sir de vivre dans des habitations cologiques g r es collectivement. Chacun y
aura son appartement mais les familles se partageront des parties communes
(buanderies, atelier, salle polyvalente et chambres pour y recevoir les h tes
de passage...).
Les diff rents statuts pour les projets collectifs
Plusieurs statuts sont possibles pour les projets collectifs d'habitat : les
cohabitants peuvent se constituer en copropri t , en soci t civile immobili re
(SCI), ou en soci t civile coop rative de construction (SCCC). Ces diff rentes
solutions ne sont pas toujours bien adapt es notamment en cas de d part et de
remplacement d'un propri taire de l'habitat group . Contrairement aux coop
ratives d'habitants, toutes ces solutions laissent possible une sp culation sur
la valeur immobili re des biens construits.
Sur le m me sujet
Cette initiative, organis e par 32 associations qui luttent contre l'exclusion
et rassembl e dans un Collectif, vise demander "une autre politique du
logement", a d clar la tribune Christophe Robert, de la Fondation Abb
Pierre, en ouverture.
Portfolio A Paris, une "nuit solidaire" pour le logement
Des membres des communaut s Emma s exigent un moratoire des expulsions
locatives, le 16 mars, sur la place de la R publique Paris.
Entretien Droit au logement : "les r formes ne r pondent pas la situation
actuelle"
Edition abonn s Archive : Logement : un droit opposable ?
Depuis trois ans, des dizaines de collectifs comme La Jeune Pousse se sont cr
s autour de projets d'habitat group . Derri re ce terme se cachent des formules
diverses qui vont de la bande de copains, pr ts partager quelques espaces
communs, des projets plus ambitieux autour de familles r unies dans une coop
rative d'habitants. Une centaine de projets seraient en cours dans toute la
France.
L'habitat group n'est pas vraiment une nouveaut . Dans les ann es 1970, ce
concept collait l'air du temps. De nombreux collectifs d'habitants
fonctionnaient alors sur le mode de l'autogestion. Si quelques-uns surv curent
la d cennie suivante, la dynamique tait bel et bien cass e. "Les derni res r
alisations ont plus de vingt-cinq ans, explique Philippe Yven, charg de
mission habitat durable au sein de l'association Coh rence. Au milieu des ann
es 1980, c'est clairement le mod le de l'habitat individuel qui s'est impos ."
Aujourd'hui, l'envol e des prix de l'immobilier, les pr occupations
environnementales et le d sir de retrouver du lien social expliquent ce regain
d'int r t. "Aucun d'entre nous n'aurait les moyens d'habiter dans une maison en
ville avec un jardin. Ce r ve devient possible en se regroupant", t moigne
Carole Contant, pr sidente de l'association Parasol, qui soutient le projet
rennais "Les Graines urbaines".
La conscience cologique est aussi un moteur. Gr ce des achats group s et
l'autopromotion, la construction plusieurs permet de faire des conomies d'
chelle et rend plus accessible le b ti haute performance nerg tique.
L'empreinte cologique peut aussi tre r duite en mettant en place un syst me
de covoiturage.
Mais la motivation principale reste l'envie de partager un habitat et des
valeurs communes, tout en gardant une intimit . "C'est le retour d'une certaine
convivialit , l'esprit d'un village sans les comm rages", analyse Carole
Contant. La revendication d'un chez-soi est d'ailleurs une des diff rences avec
les exp riences communautaires la mode soixante-huitarde, o la sph re priv e
tait souvent phagocyt e par la collectivit .
Ces programmes de construction ne sont pourtant pas faciles mettre en oeuvre
et ne conviennent pas tout le monde. "Il ne faut pas avoir besoin de se loger
rapidement, explique Olivier Cencetti, coordinateur de L'Echo-habitants, une
association nantaise. Entre les premi res discussions autour du projet et l'emm
nagement, il faut au minimum de quatre cinq ans."
Il manque aussi un cadre l gislatif adapt . "Depuis la loi Chalandon de 1971,
le statut de coop rative d'habitants n'est plus reconnu, d plore Bertille
Darragon, coordinatrice d'Habicoop, une association militante lyonnaise. Les
outils juridiques actuels ne r pondent pas la demande. On est oblig s de
faire des montages complexes pour respecter au mieux les principes coop ratifs
de propri t collective, de lutte contre la sp culation et de d mocratie."
Dans ce contexte, une expertise ext rieure est souvent n cessaire. Per ue comme
un gage de s rieux, elle permet aussi de d marcher plus facilement lus et
bailleurs sociaux, de plus en plus int ress s. "Nous sommes impliqu s dans une
dizaine de programmes d'habitat group ", d taille Vincent Lourier, directeur de
la F d ration nationale des soci t s coop ratives d'HLM, qui compte 165
membres. Issus de la "famille" coop rative, ces bailleurs, dont la mission
principale est d'assurer l'accession la propri t de familles modestes, sont
naturellement plus enclins accompagner des projets d'habitat group . Mais
Lyon, Grenoble ou Besan on, des offices publics et des soci t s anonymes HLM
appuient aussi ces initiatives.
Quant aux lus, ils ont bien compris l'int r t de la d marche. "L'habitat group
limite l' talement urbain. Il permet aussi d'avoir des lots d'habitants
responsables, impliqu s dans la vie sociale du quartier, et qui vont contribuer
son animation", poursuit M. Lourier. Strasbourg ou Rennes ont d'ores et d j
r serv des logements pour des projets d'habitat group dans leurs
co-quartiers en construction. Une tendance qui pourrait donner un s rieux coup
de pouce aux promoteurs de ce type d'habitat.