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LE MONDE | 24.08.09 | 16h55 Mis jour le 25.08.09 | 08h26
C'est le dernier concept la mode dans le secteur informatique. Le "cloud
computing", litt ralement "l'informatique dans les nuages", consiste pour les
entreprises externaliser les ressources num riques qu'elles stockent. Ces
ressources - serveurs offrant des capacit s de calcul, du stockage, logiciels
de messagerie lectronique, de paie - sont mises disposition par des soci t s
tierces et accessibles, gr ce un syst me d'identification, via un PC et une
connexion Internet.
Des "fermes de serveurs" tr s gourmandes en nergie
Les "fermes de serveurs" se multipliant la faveur de la vague pour les
services de "cloud computing", la n cessit de r duire leur consommation nerg
tique se fait pressante. Ces entrep ts g ants de machines sont en effet tr s
gourmands. Ce sont surtout les syst mes de refroidissement qui br lent de l'
nergie - la temp rature dans une ferme de serveurs montant en effet facilement
40 C, si rien n'est fait pour la refroidir. "Il faut davantage d' nergie
pour refroidir les machines que pour les alimenter", explique Jean-Michel
Rodriguez, responsable de l'efficacit nerg tique chez IBM.
Parmi les solutions tudi es, la cr ation, l'int rieur des fermes, de zones
froides et de zones chaudes tanches. D j , le recyclage de l'air chaud d gag
par les machines permet de chauffer des piscines municipales, comme Zurich
(Suisse), ou un lotissement en Norv ge.
Louer plut t qu'acheter
Lexique Le "cloud computing" consiste, pour une soci t , louer des ressources
informatiques (serveurs, ordinateurs, applications) plut t qu' les acheter.
Les salari s y acc dent via des connexions Internet et des ordinateurs. Selon
un sondage effectu par le cabinet Forrester datant de mai 2009, 46 % des
entreprises interrog es sont int ress es par les services "cloud" mais
seulement 5 % y ont d j recours.
Deux concepts Sont g n ralement associ s au "cloud computing", la
"virtualisation" - elle permet de mutualiser sur un m me serveur des logiciels
tournant sur plusieurs machines diff rentes - et le "SAAS", (Software as a
service) - lorsqu'un diteur de logiciels loue ses produits plut t que de les
vendre.
Sur le m me sujet
Depuis le d but de cette ann e, pas une semaine ne passe sans qu'un acteur des
technologies ne pr sente son offre de "cloud" : les g ants de l'informatique
Hewlett-Packard et IB M, le fabricant de routeurs Internet Cisco, m me des op
rateurs de t l communications comme France T l com ou l'am ricain AT & T. Derni
re annonce en date, mi-juillet, Microsoft, premier diteur mondial de
logiciels, a promis la commercialisation pour novembre de son offre de "cloud"
baptis e Azure.
C'est le cybermarchand Amazon qui, en 2006, a inaugur ce type d'offres. Le g
ant am ricain avait beaucoup investi dans ses infrastructures la fin des ann
es 1990 pour lancer sa boutique en ligne. Son informatique tait certes capable
d'absorber le pic d'activit des achats de No l, mais tait surdimensionn e le
reste de l'ann e. "Le cloud est une fa on de rentabiliser nos quipements",
explique Xavier Garambois, directeur g n ral France d'Amazon.
L'int r t du "cloud" est vident. Au lieu d'acheter cher des serveurs et des
logiciels, qui ne sont pas utilis s 100 %, les entreprises les louent et ne
paient que pour l'usage qu'elles en font. Elles peuvent aussi, en quelques
minutes, acc der des capacit s de stockage et de calcul suppl mentaires,
auxquelles elles n'auraient, dans le cas de PME, jamais pu pr tendre si elles
avaient d se les payer seules.
Le "cloud computing" pourrait provoquer une vraie r volution dans le secteur
informatique. Pour beaucoup d'acteurs, il implique un changement complet de mod
le conomique. Jusqu' pr sent, c'est la vente - de logiciels et de mat riel -
qui pr valait. L , c'est la location qui s'impose. Des positions
concurrentielles pourraient d s lors tre remises en cause.
UNE NOUVEAUT CONTEST E
Dans l' dition de logiciels, Microsoft est d sormais s rieusement concurrenc
par Google (avec ses services Google Apps, de messagerie lectronique,
traitement de texte) ou par des start-up comme Salesforce.com (proposant la
location des logiciels de gestion de la relation client).
Par ailleurs, pour un prestataire informatique, lancer un service de "cloud" n
cessite de se constituer de vastes centres de donn es, des "fermes de
serveurs", co tant plusieurs dizaines de millions d'euros au bas mot chacune.
Les fabricants d'ordinateurs risquent aussi de voir leurs ventes de "netbooks"
- ces ordinateurs portables relativement bon march , parfois moins de 300
euros, servant surtout se connecter Internet - continuer progresser aux d
pens de machines plus ch res. "Les terminaux d'acc s aux offres "cloud" n'ont
plus besoin d'une m moire importante, ni d'un processeur tr s puissant. A la
limite, m me un t l phone du genre iPhone ou BlackBerry suffit", selon Matt
Glotzbach, responsable des offres entreprises chez Google.
Dans les faits, quelle est la r alit du "cloud" ? Salesforces.com a pass la
barre du milliard de dollars de chiffre d'affaires pour son ann e fiscale 2009.
Environ 3 000 PME adoptent chaque jour les services Google Apps, selon Google.
Amazon revendique 94 millions de clients son offre "cloud".
Mais les autres poids lourds du secteur ne proposent encore qu'un petit nombre
de prestations. Azure, l'offre de Microsoft, sera r serv e aux d veloppeurs
informatiques. IBM propose un acc s un service de messagerie baptis Lotus
Live Engage. "Le cloud va mettre dix quinze ans pour se mettre en place",
reconna t Philippe Bournhonesque, directeur de la strat gie logiciels chez IBM
France.
Quant la radicale nouveaut du concept, certains la contestent aussi. Dans un
rapport publi ce printemps, des analystes du cabinet Accenture notent que la
"virtualisation", qui consiste mutualiser sur un m me serveur des
applications tournant sur des machines diff rentes, et qui est la base du
"cloud computing", remonte aux ann es 1960.
Enfin, le "cloud" soul ve des questions de s curit . Quid des donn es strat
giques d'une entreprise, d s lors qu'elles sont stock es par une soci t tierce
? La d convenue des dirigeants du site de minimessages Twitter a pu inqui ter.
Mi-juillet, des donn es confidentielles de la soci t ont t pirat es et les
services Google Apps - utilis s pour les stocker - soup onn s d' tre trop vuln
rables. "Les donn es des entreprises seront mieux prot g es chez des sp
cialistes que par elles-m mes", note n anmoins Sylvain Mouss , un des
dirigeants de la soci t de services Cegid.
C cile Ducourtieux