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L'effort, l'envie de se surpasser. Calculer le dénivelé. Toucher le sommet. Revenir au point de départ. Satisfait d'avoir réussi l'ascension. Et on recommence, on prépare la prochaine course. Démarche commune de nos jours, aidée par de bons outils et des inventaires complets sur les itinéraires, elle prend sa source au XVIII ième siècle. C'est là que la montagne cessa de représenter les anges et les démons, c'est là que l'Homme mis ses pieds un peu plus haut que d'habitude.
C'est un scientifique Genevois, Horace-Bénédict De Saussure, qui illustre cette nouvelle approche de la montagne. Souhaitant faire des mesures scientifiques sur le plus haut mont d'Europe, il offre une récompense à ceux qui pourront l'amener à son sommet. Plus d'une douzaine d'années s'écoule avant que de sérieuses tentatives prennent forme. Plusieurs revers ont lieu : La course tient sa difficulté non pas dans l'aspect technique — malgré un équipement très sommaire — mais dans sa longueur. Même si les premières tentatives resteront infructueuses, elles permettront d'explorer plusieurs itinéraires.
C'est en 1786 qu'un cristallier de vingt quatre ans se révèle. Courant les montagnes et les glaciers à la recherche de cristaux, chassant les chamois, la glace et la roche n'ont plus de secrets à lui livrer. Il devient un des compétiteurs à la première ascension du Mont-Blanc.
Le premier essai du jeune Jacques Balmat se déroule le trente juin, lorsqu'il rencontre une caravane d'exploration à destination du sommet. N'ayant pas prévu de laisser le triomphe du Mont-Blanc à quelqu'un d'autre que lui, il décide de l'accompagner. Cheminant avec elle, Balmat finit quand même en cavalier seul. Il l'a laissée pour redescendre sur le Grand Plateau, une zone dégagée bien connue sur l'itinéraire des Grands Mulets. Une voie pratiquable semble se dessiner en son amont et il continue sa montée jusqu'à , le dira-t-il, apercevoir le versant italien. Mais encore loin du sommet et le brouillard arrivant, il doit cesser sa progression et après un bivouac, il revient au vilage. Un échec ? Pas du tout. Son enthousiasme est au plus haut, et on ne peut que deviner son excitation et sa détermination à repartir : il a ce jour-là trouvé un itinéraire viable pour atteindre le sommet.
Pendant un mois, Balmat cherche un compagnon qui pourra témoigner devant De Saussure. Et il s'associe alors au docteur bien connu de Chamonix, le docteur Michel Paccard qui a déjà plusieurs tentatives à son actif. Ils partent ensemble le dix-sept août. Suivant l'itinéraire historique des Grands Mulets, leur journée démarre à l'aube après un court repos. Avec un temps favorable annoncé, rien de notable ne vient les gêner. Perdirent-ils leurs gants, tombèrent-ils dans quelque crevasse mal dégagée, tout cela ne fût pas remonté à nos oreilles ni inscrit dans nos archives. Sans corde ni piolets, on mesurera plus tard la difficulté physique de cette première ascension. Le docteur Paccard quant à lui, après avoir admiré leur prouesse à l'oeil nu le long du voyage, en perdra sa vue. En bref, ils triomphent du sommet le dix-huit en début de soirée — à six heures et demie.
Ce jour est à se souvenir: les montagnes alpines ne sont plus inatteignables, ni invincibles. L'Homme prend confiance. De Balmat on se souvient également de son baton long de trois mètres d'envergure, très adéquat pour sonder les ponts de neige.
De Saussure sera conduit au sommet l'été suivant ; il évaluera l'altitude du Mont-Blanc à 4775 mètres.