07.09.2022 - 5min de lecture
Pour son entrée en 7P, équivalent au CM2 français, mon grand est revenu avec moulte documents à lire et formulaires à signer. Parmis ces feuilles volantes, une en particulier a attiré mon attention, il s'agissait d'une demande d'autorisation de créer un compte Microsoft 365. A noter que le formulaire fait référence à *Office 365*, une appellation qui n'existe plus depuis le 21 avril 2020. Le document s'appuie sur l'offre commerciale **Microsoft 365 Education**, régie par un contrat cadre reconduit tous les 12 à 36 mois depuis au moins 2017.
https://www.educa.ch/fr/activites/contrats-cadre/microsoft
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L'offre de Microsoft propose entre autre un accès à la suite Office, à Teams, à une license Windows 11 SE, etc... L'idée est bien sûr de fédérer le plus tôt possible les jeunes aux outils Microsoft. Cela me rappelle d'autres industries qui ciblent les jeunes avec des produits adaptés pour créer une habitude voir une dépendance.
Ce qui me gêne n'est pas tellement l'offre de Microsoft, cela reste une offre commerciale. Microsoft a le mérite de proposer une solution tout en un : gestion des comptes centralisée, bureautique, outils collaboratifs, vidéo conférence, téléphonie, antivirus, etc... Je concède volontiers que cela simplifie grandement les tâches des équipes en charge de l'administration et de la maintenance. Ce qui me gêne est plutôt le comportement des acteurs politiques dont la mission ne doit pas se limiter à choisir le plus simple à gérer, la solution avec le plus bel emballage ou encore la solution qui demande le moins de réflexion. Ces choix *stratégiques* ne laissent pas, ou peu de place, aux acteurs locaux, aux solutions libres de droit, respectueuses des données personnelles.
L'éducation ne doit pas se monnayer et ne doit pas préparer à devenir un consommateur. L'éducation doit être libre de toute influence commerciale et préparer à devenir un acteur de son propre future.
Je cite...
La Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) et le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) ont formulé notre mandat dans le statut de l’institution de droit public comme suit: Educa examine les développements technologiques et les relie au développement de la qualité dans l’enseignement obligatoire (degré primaire et secondaire I), la formation professionnelle initiale, les gymnases et les écoles de culture générale (degré secondaire II). Elle pose au niveau national les bases de l’espace numérique de formation dans toute la Suisse.
De ce côté là, la mission semble remplie.
La page https://navi.educa.ch/application/office365education décrit assez bien l'offre de Microsoft. Un détail dans la marge de cette page me chiffonne :
Les informations publiées ici émanent des fournisseurs eux-mêmes. C’est pourquoi, Educa ne peut fournir aucune garantie quant à l’exhaustivité, la précision, l’exactitude, la mise à jour et la fiabilité de ces informations.
Où est donc l'analyse neutre des besoins éducatifs ?
A noter que le site https://navi.educa.ch/ présentent des services et des plate-formes, dont un grand nombre de solution sous license libre.
https://www.educa.ch/sites/default/files/2020-11/promotion_logiciels_libres_ecoles.pdf
Que font les cantons et les pays voisins ?
Tout le monde a le droit de changer d'avis, exemple avec le canton de Zürich, lequel proposait en 2021 un guide M365 pour les établissement scolaires :
Au chapitre 4.1, on transpire :
Lors de l'utilisation des services Microsoft 365, le cryptage de base est implémenté pour le transport et le stockage. Cependant, Microsoft a la clé.
On respire un peu au chapitre 6 :
Les lieux de stockage doivent être choisis de manière à ce que les données ne soient stockées que dans des pays disposant d'une réglementation adéquate en matière de protection des données, c'est-à-dire de préférence en Suisse ou en Europe.
Mais en 2022, le même canton de Zürich émet quelques réserves : https://www.privatim.ch/fr/pas-de-feu-vert-pour-microsoft-365/
Dans le canton de Vaud, le *Concept 360°* se concentre plutôt sur un *Concept 180°* : c'est soit Apple, soit Microsoft, les autres peuvent attendre dehors la fin de la récré.
https://www.vd.ch/toutes-les-actualites/communiques-de-presse/detail/communique/preparer-la-formation-aux-defis-de-demain-1660636975/
On termine en extrapolant avec les comptes Minecraft qui sont devenus récemment des comptes Microsoft. La boucle est bouclée. A quand les heures de jeux et les notes de l'élève dans le même écran d'accueil Microsoft ?
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A voir sur https://education-numerique.edu-vd.ch/
Ce n'est pas tellement que les cantons ne favorisent pas les solutions *Open Source*, c'est plutôt que le lobbying des GAFAM a été très efficace jusqu'à aujourd'hui. Pouvoir rapidement connecter les élèves aux professeur-e-s est certe séduisant, mais cela ne doit pas se faire au détriment de la souveraineté et de la protection des données des citoyens. Il est tout à fait réaliste de remplacer les services de Microsoft 365 par Nextcloud (collaboration), Moodle (cours en ligne), Jitsi (vidéo conférence), Shibboleth (gestion des comptes centralisée). Une fois une nouvelle technologie acquise (exemple Skype), Microsoft s'empresse de l'intégrer dans ses solutions (Teams) et tend à *harmoniser* ses outils dans un écosystème particulier. Le succès d'une alternative viable passe par l'interconnexion d'une sélection d'outils ad-hoc, ainsi il n'y aura pas de compétition équitable tant qu'une entreprise suisse ou européenne, ne prendra le temps d'assembler les briques logicielles et matérielles nécessaires à une solution tout en un. Nos élus semblent manquer de proposition, charge à nous, spécialistes en SI et TI, de créer des offres adaptées à notre système éducatif.
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