Réflexions sur la nature d'un logiciel

Une œuvre de l'esprit

Il existe des logiciels (voire des langages de programmation) conçu exclusivement parce qu'ils sont beaux à regarder. Ou, au contraire, incompréhensible. La démarche de /99 bottles of beer/[1] illustre bien cette envie de recadrer le processus d'écriture d'un logiciel dans ce qu'il est profondément : justement un processus d'écriture.

De la même façon qu'un pigiste n'est pas franchement « libre » d'écrire ce qu'il veut et comme il veut, un programmeur est avant tout au service de celui qui l'emploie (hiérarchie ou client). Mais comme en poésie, il existe cent manières de réaliser une tâche en programmation, d'où une certaine liberté. À noter toutefois qu'historiquement, le programmeur était moins libre, car les machines étant moins puissantes, il était souvent obligé d'optimiser son code au maximum ce qui réduisait d'autant sa marge de manœuvre. Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.

[1] /99 bottles of beer/ (HTTP)

Différence entre l'œuvre et son interprétation

Il convient de distinguer deux choses : le code source du logiciel qui est rédigé (comme un roman) et l'exécutable issu de la compilation en langage machine de ce même code source (à ce moment-là assimilable à l'interprétation d'une œuvre par l'humain). Or il me semble que le droit d'auteur protège la trace écrite, non son interprétation (soumis à d'autres protections ?). Il apparaît alors que le droit d'auteur doit s'intéresser et protéger le code source d'un logiciel et non sa version exécutable.

On peut d'ailleurs imaginer l'équivalent du droit de courte citation pour reprendre sans souci des fragments de codes source au sein d'autres logiciels, tel que c'est actuellement possible pour les œuvres littéraires. Néanmoins et comme pour les œuvres littéraires, on touche ici du doigt la limite de ce droit qui n'est pas adapté au monde numérique d'aujourd'hui où tout s'échange rapidement et facilement : quelle est la limite (stricte ? proportionnelles ?) de ce droit de citation ?

C'est pour cela que le logiciel libre reste pour moi la meilleure solution pour protéger un logiciel sans restreindre l'innovation en empêchant la réutilisation d'une partie d'une œuvre. Et les licences libres en lieu et place des droits d'auteurs également.

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📅 mardi 2 octobre 2012 à 22:52

📝 Étienne Pflieger with GNU/Emacs 29.4 (Org mode 9.7.11)

🏷️ Réflexion

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